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«Le pouvoir a un problème avec le son et l'image»
Mustapha Benfodil à Bouzeguène
Publié dans El Watan le 16 - 09 - 2019

Le Café littéraire de l'association culturelle Tiewinine (Les sources) de Bouzeguène a repris, samedi dernier, ses activités avec un invité de marque, en l'occurrence Mustapha Benfodil, journaliste, écrivain, poète et dramaturge. La communication devait porter sur le thème de son dernier roman, Body writing , où il évoque la vie et la mort de Karim Fatimi, écrivain (1968-2014). En fait, Mustapha Benfodil a préféré entamer sa communication par la présentation de ses derniers romans. Il s'agit, d'abord de l'ouvrage Archéologie du chaos amoureux, publié aux éditions Barzakh, un roman de 401 pages édité la première fois en 2007, réimprimé en 2012.
Ce roman, selon son auteur : «est un récit de la vie de Yacine Nabolci, farfelu Don Juan amoureux des livres – prétentieux et arrogant qui ne prétend rien moins que révolutionner le monde par la littérature, narré par Marwan Kanafani, antihéros, aussi laid que Yacine est beau, marginal, sans le sou, toxicomane et misanthrope à la limite de la schizophrénie, qui ne voit à travers Yacine Nabolci que la personne qu'il aurait voulu être. Alors que Marwan Kanafani décède (laissant son roman inachevé), un flic désabusé et alcoolique refuse de croire à une mort naturelle et s'épuise dans une enquête qui prend forme d'une quête, et dans laquelle il se perd…».
Le dernier roman de Benfodil, Body writing : Vie et mort de Karim Fatimi, écrivain (1968-2014)», Editions Barzakh 2018. Résumé du roman : «Karim Fatimi, astrophysicien de renom, meurt sur la route de Bologhine, près de la ‘‘Maison hantée''. Accident ou suicide ? Mounia, sa femme, entame un journal pour exorciser son chagrin. Parallèlement, guidée par un étrange voyeurisme, elle décide de se plonger dans les écrits intimes de son mari. Le lecteur, entraîné dans une vertigineuse mise en abîme où se télescopent leurs deux narrations, découvre alors l'univers tourmenté de Karim Fatimi, écrivain génial et écorché vif, relatant compulsivement chaque moment-clé de sa vie : Octobre 1988, la décennie noire, la naissance de leur fille Neïla, ou encore ce mystérieux 28 novembre 1994…»
Mustapha Benfodil, plus virtuose que jamais, présente la «Radiographie extravagante de l'Algérie contemporaine, ce livre ambitieux et courageux, qui explore des questions aussi graves que le rapport à la violence, à l'esthétique, ou à Dieu, c'est aussi un hommage éperdu à l'écriture comme absolu».Après la présentation de ses deux romans, Mustapha Benfodil, qui suit et présente chaque vendredi le mouvement du hirak, dans les profondeurs des foules, décrypte les velléités et les intentions du pouvoir. «Le pouvoir mafieux algérien ne se soucie pas de l'écriture du livre, car il sait que les gens lisent peu.
Son unique problème, se limite au son et à l'image qu'il tente de contrôler», a-t-il affirmé. Et d'ajouter: «J'ai écrit beaucoup de livres, de poèmes, de pièces théâtrales en français. Mes pièces théâtrales n'ont jamais été présentées en Algérie car elles sont extrêmement critiques et suffisamment virulentes vis-à-vis du pouvoir.» Enchaînant toujours dans l'information, Mustapha Benfodil avouera que «les événements tragiques du 5 Octobre 1988 n'ont pas eu l'écho escompté dans le monde». Pour Benfodil, l'écriture est une passion qui nécessite temps et moyens en expliquant : «Mon dernier roman, Body writing, m'a pris plus d'une décennie.» Il précise que : «Comment voulez-vous que l'écrivain vive de sa plume ? Impossible. Fort heureusement, précise-t-il, je me suis engagé dans le journalisme pour gagner ma vie.»
Benfodil rendra, enfin, un vibrant hommage à ses prédécesseurs, écrivains : «Nous avons un héritage littéraire fort puissant. Nous devons travailler dur pour prétendre rivaliser avec les monstres sacrés de la littérature algérienne, comme Mohamed Dib ou Mouloud Mammeri. Je suis jaloux de la maîtrise linguistique de Tahar Djaout et je salue l'intellectuel rebelle, Kateb Yacine..»


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