Le manifestant Mohamed Bekkouche, placé en détention provisoire à Constantine, est en grève de la faim depuis lundi, jour de son incarcération. L'information a été communiquée hier par l'un de ses avocats, Maître Amor Alla, qui a rendu visite hier aux trois manifestants arrêtés lors de la manifestation du 15 septembre à Constantine et placés en détention provisoire par le juge d'instruction de la troisième chambre près le tribunal de Constantine. Dimanche 15 septembre, plusieurs dizaines de manifestants du hirak avaient organisé un sit-in au centre-ville de Constantine pour exprimer leur refus de la volonté du pouvoir en place de convoquer le corps électoral et le forcing pour la tenue de l'élection présidentielle. Mais le rendez-vous a viré à la répression suite à l'intervention musclée de la police, qui a tenté de disperser les manifestants et a ciblé une dizaine de participants qui ont été arrêtés et brutalisés. Trois de ces manifestants, Bekkouche Mohamed, Tahar Bouteche et Hassan Ramdani, ont passé la nuit dans les geôles du commissariat central et ont été présentés le lendemain au procureur de la République et ensuite au juge d'instruction. Ce dernier les a interrogés puis accusés de «porter atteinte à l'intégrité du territoire national» et de «porter des tracts de nature à nuire à l'intérêt national», soit les mêmes chefs d'inculpation utilisés pour justifier l'incarcération de 22 manifestants lors du 30e vendredi à Alger et de l'ensemble des détenus du hirak. Pour ces raisons, le magistrat a décidé de les garder en détention en attendant la suite de l'enquête dans ce dossier qui, selon des indiscrétions, est suivi par le ministre de la Justice en personne. Mohamed Bekkouche, la trentaine, universitaire au chômage, «garde un très bon moral et reste confiant dans l'issue de la cause qu'il défend», nous a confié Me Alla, qui rassure aussi sur l'état des deux autres détenus à Constantine. Par ailleurs, le collectif des avocats de la défense des trois Constantinois a introduit un recours pour la libération de leurs clients en attendant la suite de l'instruction. Un recours qui sera examiné mardi, au niveau de la cour de justice de Constantine.