Le tourisme, voilà un secteur hautement stratégique qui devrait occuper une place de choix dans « la stratégie du développement » du pays. L'Algérie qui recèle d'énormes potentialités en la matière peut aisément en faire un levier pouvant lui permettre de tirer la croissance vers le haut. Mais l'instabilité chronique que connaît le secteur renseigne sur le peu d'intérêts que lui ont accordés les gouvernements successifs. Le département du Tourisme a consommé pas moins de cinq ministres depuis le début des années 2000, sans pour autant impulser une dynamique réelle au secteur. Et comme de « tradition », chaque ministre, qui arrive, enterre la démarche entreprise par son prédécesseur pour laisser les « chantiers » lancés à l'abandon. Ce qui fait que ce secteur n'arrive pas à décoller, et ce, malgré les sommes faramineuses injectées. Les discours pompeux sur « l'essor » touristique en Algérie cachent mal la réalité déplorable d'un secteur aussi important. La destination Algérie n'arrive toujours pas à prendre son essor. La nomination de Smaïl Mimoune (MSP) sans barbe à la tête du ministère du Tourisme – deuxième ministre islamiste après Abdelkader Bengrina, qui a hérité de ce département – n'est pas pour rassurer. Le risque d'imprimer « une allure islamiste » à un secteur qui rime avec ouverture et modernité n'est pas à exclure. Surtout en ces temps « moralisateurs ». Certains commentateurs ne cachent pas leur inquiétude. Il est vrai que le MSP, auquel appartient le désormais ministre du Tourisme, a une drôle conception de la chose touristique. « Pour eux, (MSP), le tourisme se limite à la chasse aux couples dans les hôtels », a commenté un ancien ministre. A la tête du département de la Pêche et des Ressources halieutiques depuis 2002, Smaïl Mimoune termine sa mission en queue de poisson. Son département s'est retrouvé dans une « tempête » de corruption liée à l'affaire de la pêche au thon. En matière de « la pêche » son bilan n'est pas trop brillant. Il avait promis au début de ses fonctions la sardine à 35 DA le kilogramme, mais au final, les consommateurs algériens la « contemple » à 350 DA. L'opinion publique s'attendait à un son éviction du gouvernement, mais le chef de l'Etat a préféré le « bombarder » au département du Tourisme. Rien ne justifie ce choix, comme beaucoup d'autres, par ailleurs. Ministre BCBG, complètement effacé et pas trop bavard, Smaïl Mimoune a-t-il le profil pour conduire les affaires du tourisme ? Réussira-t-il à donner un vrai départ au tourisme et faire ainsi de l'Algérie une destination de choix ? Pas si sûr. Des raisons objectives indiquent tout le contraire. Promotions des sites touristiques, capacités d'accueil, transport et tous les facteurs qui peuvent structurer et impulser une dynamique touristique font défaut. Si le décollage du secteur dépend de beaucoup de paramètres, il n'en demeure pas moins que la touche et la « pâte » du titulaire du poste sont prépondérantes.