Le procès très attendu des généraux Toufik, Tartag et Khaled Nezzar ainsi que de Louisa Hanoune et du frère de l'ex-Président, Saïd Bouteflika, s'est ouvert hier au tribunal militaire de Blida. Les journalistes qui se sont rendus sur place, espérant pouvoir couvrir l'événement, ont été maintenus à bonne distance du tribunal par un imposant dispositif de sécurité. Contre toute attente, l'ex-coordinateur des services secrets et conseiller à la sécurité du Président déchu, le général-major à la retraite Bachir Tartag, a refusé hier de comparaître devant le tribunal militaire de Blida, aux côtés de l'ancien patron du DRS, le général de corps d'armée à la retraite Mohamed Mediène, le frère-conseiller du Président, Saïd Bouteflika, et la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune. Le tribunal a pris acte et entamé le procès en rejetant la demande d'ajournement. Le procès tant attendu des deux anciens patrons des services secrets, le général de corps d'armée à la retraite Mohamed Mediène et le général-major-major à la retraite Bachir Tartag, de Saïd Bouteflika, frère-conseiller du Président déchu, et de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, s'est ouvert hier au tribunal militaire de Blida, en l'absence des journalistes, tous refoulés par un service d'ordre intraitable, constitué de gendarmes et de militaires qui filtraient tous les accès. Seuls les avocats, une vingtaine en tout, et des membres de la famille des accusés ainsi que la dizaine de témoins ont été autorisés à assister à l'audience, ouverte dès 8h. Selon le collectif de la défense, dès le début du procès, le président a fait l'appel des accusés, dont un, Bachir Tartag, a fait défaut. Détenu à la prison militaire de Blida, mitoyenne au tribunal, il a refusé de comparaître pour des raisons qu'il n'a pas évoquées. Le président a pris acte de cette décision, puis procédé à l'appel des témoins, une dizaine, tous présents. Parmi ces derniers, l'ex-président du Conseil constitutionnel et ancien ministre de la Justice, Tayeb Belaiz, le conseiller et le secrétaire particulier du Président déchu, respectivement Mohamed Ali Boughazi et Mohamed Rougab, ainsi que Habba Okbi, ex-secrétaire général de la Présidence. Le reste des témoins sont des militaires. Toujours selon la même source, de nombreux avocats ont plaidé l'incompétence du tribunal à juger des civils, parmi eux, ceux du général Toufik et de Saïd Bouteflika. Composé d'une dizaine de membres, le collectif de la défense de Louisa Hanoune a mis en avant le statut de députée, dont jouissait la secrétaire générale du PT le 27 mars dernier, «l'orsqu'elle s'est réunie avec le frère-conseiller du Président encore en exercice à cette époque. Elle était protégée par l'article 126 de la Constitution qui lui garantissait l'immunité parlementaire. De ce fait, les poursuites dont elle fait l'objet sont caduques».Pour leur part, les avocats de Mohamed Mediène ont axé leur plaidoirie sur l'état de santé de ce dernier, ramené, nous ont-ils déclaré, sur une chaise roulante. «Il était très affaibli, le visage livide, incapable de bouger les mains. Son état de santé était très affecté», affirme un de ses avocats, précisant : «Nous avons demandé au tribunal d'ajourner le jugement jusqu'à ce que l'état de santé de l'accusé s'améliore. Dans des conditions pareilles, il ne peut pas suivre les débats ni répondre à toutes les questions.» Au courant de la décision de ne pas se présenter au tribunal, ou pas, l'avocat de Bachir Tartag n'a pas soufflé mot en raison de l'absence de son mandant. Après avoir entendu les demandes de la défense, le président du tribunal a mis l'examen de celles-ci en délibéré et levé l'audience vers 11h30. Une pause qui permet aussi bien aux robes noires qu'aux accusés de prendre un temps de répit. Et alors que tout le monde s'attendait à un report du procès, dès la reprise de l'audience, vers 13h30, les avocats n'ont plus quitté le tribunal. Ce dernier a rejeté les demandes de la défense et entamé les débats qui, jusqu'en fin de journée, se poursuivaient toujours.