La ville de Batna, jadis paisible et accueillante, tend de plus en plus à perdre de son charme et de sa splendeur. Sujette à un boom démographique extraordinaire ayant provoqué un déséquilibre inquiétant, la capitale des Aurès vit, de nos jour, beaucoup de problèmes socioéconomiques : la population de cette ville, cinquième du pays en terme de densité, semble évoluer sans le moindre repère ni la moindre barrière ni garde-fou. Chaque jour, les habitants de la ville se voient offrir des spectacles désolants, écœurants et révoltants à la fois : des rues et venelles jonchées de gravats, de détritus, de débris le bouteilles et de canettes de bière laissées la veille par les adeptes de Bacchus, notamment dans les rares espaces verts et jardins publics, à l'instar de celui mitoyen de l'hôtel Chelia. Des chauffards qui n'ont pas froid aux yeux défient tout le monde malgré la vigilance et les efforts des agents de l'ordre public, mettant en danger la vie des autres. A tout cela, il faut citer en plus les insanités proférées à longueur de journée sur la voie publique par des hordes d'individus en mal d'affirmation sociale, et les agressions à l'endroit de la gent féminine. Il faut relever encore la dégradation des espaces verts, qui sont presque à l'abandon en raison du laisser-aller ; même la rare verdure qui s'y trouve est en friche. Le rejet anarchique et illicite des déchets de construction fait mal aussi au décor. C'est l'image qu'on a aux abords des axes routiers, notamment à Kechida où des terrains abandonnés sont devenus des dépotoirs à ciel ouvert pour les camionneurs qui n'hésitent pas à décharger les gravats, en toute impunité. Faut-il en déduire que les Batnéens sont en train d'abandonner le savoir-vivre dont-ils se vantent ? Se sont-ils durablement installés dans l'incivisme ? La Batna de jadis, accueillante, hospitalière, réputée pour sa culture et son mouvement sportif, n'est plus. Quel gâchis.