Le général Toufik a finalement comparu hier devant le tribunal militaire et décidé de répondre à toutes les questions du président. Said Bouteflika qui avait quitté l'audience hier et refusé de faire des déclarations, était au box des accusés aux côtés de Louisa Hanoune. Selon certains avocats, il a été longuement interrogé sur la réunion du 27 mars à la résidence Dar El Affia, à Hydra, et ses réponses étaient « aussi sereines que convaincantes ». Il a refusé de parler de « réunions » mais plutôt de « rencontres » avec le conseiller du président encore en exercice « pour apporter ma contribution dans la résolution de la crise que traverse mon pays ». L'accusé a tenu à préciser que les poursuites dont il fait l'objet actuellement ont un lien avec des événements datant de 2013, notamment, argue-t-il « l'ouverture par (mes) services des dossiers de la corruption et de la mise en branle de la justice dans l'affaire Sonatrach à laquelle le président était opposé. Ce qui m'a coûté mon poste ». Toujours d'après des informations obtenues auprès de certains avocats, le général major de corps d'armée à la retraite est également revenu sur les circonstances de sa rencontre avec l'ancien président Liamine Zeroual, en disant : « que c'est Said Bouteflika qui a proposé Liamine Zeroual pour diriger la transition après avoir refusé les noms de Ali Benflis et de Ahmed Benbitour. J'ai appelé Zeroual et il était entièrement d'accord pour revenir pour le pays et il m'a donné rendez-vous pour le samedi 30 mars à 10 heures, chez lui à Moretti. Mais une fois arrivé, il avait changé totalement de position. Il décliné l'offre en invoquant son état de santé et le hirak ». Selon nos sources, le président a également entendu en tant que témoins quatre officiers chargés de la gestion de la résidence Dar El Affia et de l'écoute avant de suspendre l'audience pour une pause de deux heures.