Désormais, la marche des étudiants est redevenue régulière dans la wilaya de Annaba. En effet, hier, comme d'habitude, les étudiants se sont massés sur le Cours de la Révolution, où des dizaines de citoyens se sont joints à eux. Ainsi, à la marche du 31e mardi, ils étaient plusieurs dizaines, sinon plus, dont la foule était composée, outre d'étudiants de l'université Badji Mokhtar de Annaba, de femmes, d'hommes et d'enfants venus en soutien aux marcheurs. Leur dénominateur commun est le ton coléreux qui n'a épargné aucune figure du système en place. A travers des slogans assassins, les manifestants ont tiré à boulets rouges sur les généraux et les partisans de l'élection présidentielle qu'ils ont voués aux gémonies. Brandissant des pancartes, des banderoles et emblème national, ils criaient au mégaphone à qui veut les entendre : «Pas de vote avec des dinosaures», «Pas de vote avec les habitués des casse-croûte», «Il n'y aura pas d'élection sans notre consentement», «Un Etat civil pas militaire», ou encore «Le peuple veut son indépendance». Rencontrés sur le perron du théâtre régional de Annaba, des étudiants mêlés à des avocats ont avancé à l'unanimité leur constat : «Nous ne sommes pas contre le principe d'une élection présidentielle, mais les conditions ne s'y prêtent pas. Malgré cette situation d'absence de garanties, on veut, quand même, nous imposer cette élection à laquelle on n'adhère pas. Certes, il faut des élections, mais pas dans l'immédiat. Il faut des conditions meilleures qui garantissent le respect du choix du peuple. Pour l'instant, nous sommes toujours dans les mêmes conditions que celles de la îssaba (bande). Outres des bouffons, des têtes de l'ancien Etat mafieux et des dinosaures (Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis) pointent déjà le nez pour se porter candidats, dont la seule mission est de recycler le système. S'ils insistent, qu'ils aillent voter à notre place.»