L'expert financier Rachid Sekak estime qu'il faut un préalable à toute réforme du secteur bancaire, celui de garantir «une autorité gouvernementale reconnue» qui permettra de mettre en place une restructuration bancaire efficiente dans un cadre global de réformes. Le développement du secteur bancaire algérien, indispensable à la relance économique, ne peut être pensé indépendamment d'une réforme structurelle inscrite dans une stratégie nationale, tant au plan économique que politique, selon l'expert financier Rachid Sekak. Ce dernier estime qu'il faut un préalable à toute réforme du secteur bancaire, celui de garantir «une autorité gouvernementale reconnue» qui permettra de mettre en place une restructuration bancaire efficiente dans un cadre global de réformes. L'expert intervenait hier dans le cadre des matinales du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), qui a lancé le débat sur la restructuration du secteur bancaire à la lumière des interventions – en plus de Rachid Sekak -– de Mohamed Krim, ex-PDG de la BDL, qui a détaillé le plan de développent de la banque, mis en œuvre de 2015 à août 2019, et de l'expert financier Mohamed Nazim Bessaih, qui s'est intéressé aux produits et solutions bancaires. Ouvrant le débat, M. Sekak, ancien cadre de la Banque d'Algérie, a brossé un tableau édifiant du secteur bancaire, mettant en lumière ses forces et ses faiblesses, tout en dessinant les perspectives prometteuses qui pourraient s'ouvrir à ce secteur-clé de l'économie nationale, à condition que la réforme bancaire ne se fasse pas dans «un contexte d'isolement» mais plutôt «dans le cadre d'une réforme globale, tant au plan économique que politique». En guise d'état des lieux, l'expert a signalé, notamment, «la faiblesse du niveau d'intermédiation bancaire, la prédominance des banques publiques, la faiblesse du secteur privé, l'insuffisance de l'offre de produits adaptés aux besoins des entreprises, la faiblesse du développement technologique, l'absence d'opérateurs bancaires algériens, et l'incompréhension mutuelles entre les entreprises et les banques». Un constat qui induit, selon lui, divers problèmes, dont «une gamme de produits étroite, le faible développement des services financiers spécialisés (leasing et factoring), un fort traitement de cash, la faible transparence des opérateurs, un environnement réglementaire contraignant et instable, un secteur caractérisé par un canal de distribution unique à travers les agences et un faible développement technologique». Pour ce qui est des solutions pouvant permettre une restructuration du secteur bancaire, Rachid Sekak estime qu'il n'y a pas de «solution unique, mais plutôt des mesures conjointes à mettre en pratique». Dans ce cadre, il identifie plusieurs axes d'intervention, dont «la définition d'une stratégie de développement du secteur bancaire qui permette une visibilité auprès des investisseurs potentiels, qu'ils soient locaux ou étrangers». Il préconise également «la modification et le renforcement de la gouvernance des banques publiques, l'amélioration du dispositif de supervision et du cadre macro-prudentiel, l'innovation et l'élargissement de l'offre de produits, notamment pour les PME, l'évolution institutionnelle hors secteur bancaire, soit la mise en cohérence du droit des sociétés, et l'introduction de procédures spécifiques». Le volet formation et communication est aussi relevé par l'expert. M. Sekak estime ainsi qu'«il faut impérativement acquérir de nouveaux savoirs». Parmi les nombreux chantiers à lancer, il préconise le lancement de nouveaux produits, le renforcement de la finance islamique, pour capter une frange de clientèle non négligeable, et le lancement de dispositifs de crédit privé au profit des jeunes entrepreneurs, à l'image des dispositifs publics trop coûteux.