Le passage d'une économie planifiée à une économie de marché est une réalité qui se traduit par un train de réformes dont celle du secteur bancaire. Un nouveau pas en direction du vaste projet sur la réforme bancaire initiée par le gouvernement vient d'être franchi samedi par l'ouverture des plis d'appel d'offres pour le recrutement d'une banque d'affaires devant amener à terme le processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA). Il est d'évidence de constater que malgré l'installation de plus d'une dizaine de banques privées, étrangères et algériennes, durant la dernière décennie, le secteur bancaire demeure caractérisé par la position dominante des banques publiques qui assurent pas moins de 93% du financement de l'économie et 100% du financement des entreprises publiques économiques. Celles-ci disposent en outre du réseau d'agences le plus important avec 1013 agences sur un total de 1050, explique-t-on auprès des responsables du ministère délégué à la Réforme financière. Cet état des lieux est fortement caractérisé par une insuffisance flagrante de bancarisation avec une faible densité bancaire atteignant «à peine» une agence pour30.000 habitants alors que la proportion est d'une agence pour moins de 5000 habitants dans les pays développés, et d'une agence pour 10.000 habitants dans d'autres pays moins développés. Il se trouve que le secteur bancaire public est traversé par plusieurs contraintes dont une situation monopoliste qui montre que le ratio crédit par rapport aux dépôts bancaires est seulement de 53% vu la faible diversité de l'économie qui limite l'activité de crédit et favorise les emplois à court terme, explique-t-on encore. L'amélioration de la gouvernance des banques publiques, la restructuration bancaire et le traitement des gros débiteurs publics, sont autant de facteurs qui militent pour la stabilité et la rentabilité des banques. Pour atteindre cet objectif , des contrats de performance sont établis entre les banques publiques, qui sont régulièrement suivies par «l'Etat - actionnaire» alors qu'une restructuration bancaire est engagée visant à «rééquilibrer» le marché bancaire au terme duquel les banques publiques ne seraient plus dominantes. Cette restructuration s'amorce par les opérations de privatisation entamée par le projet d'ouverture du capital du CPA, ainsi que la spécialisation sur des secteurs d'activité qui a touché la Cnep dont le repositionnement se traduit pour la première fois par la spécialisation vers le financement de l'habitat et de la construction alors que la Badr est orientée dans l'agriculture, l'élevage, la pêche et l'aquaculture, la sylviculture, les industries alimentaires... Il faut également relever la place prépondérante du financement bancaire qui est un signe d'une « économie d'endettement » où les autres modes de financement sont soit embryonnaires soit inusités. Dans ce sens, l'introduction d'innovations financières, l'augmentation de la capacité d'engagements des banques et l'assistance à la fonction crédit et évaluation des risques sont les objectifs visés à court et à moyen terme. Dans le cadre des innovations financières permettant une meilleure mobilisation de l'épargne, il a été enregistré une accélération du rythme d'émissions obligataires pour certaines grandes entreprises publiques. C'est ainsi qu'une levée de fonds de près de 80 milliards de dinars a été réalisée à la mi-2005 pour le financement des programmes d'investissements de la Sonatrach, d'Air Algérie et de la Sonelgaz. Sans omettre un projet de loi approuvé en conseil des ministres pour la création de sociétés de capital-investissement qui devront répondre à la contrainte de financement en fonds propres des PME, les sources du ministère ajoutent qu'une autre nouveauté sera introduite dans le paysage financier qui est le développement du factoring pour lequel des projets de textes ont été finalisés. Il s'agit de fixer les conditions à remplir par les sociétés spécialisées dans les opérations de factoring qui consistent, en fait, de garantir contre le risque d' «impayé» à créances commerciales, de la gestion du compte clients et du recouvrement des factures. Outre la modernisation rapide des systèmes de paiement pour l'accélération des délais de recouvrement et la mise en place de la télé-compensation, l'autre aspect important est la réforme bancaire et le développement du crédit immobilier où le marché est caractérisé par un faible niveau de financement hypothécaire (moins de 2% du PIB) et une contrainte de ressources longues, ont ajouté les mêmes responsables. A l'allègement fiscal sur les transactions immobilières récemment décidé, il faut ajouter les mesures engagées concernant l'élaboration d'un projet de loi adopté par le conseil des ministres pour renforcer les prêts immobiliers à taux fixe à long terme et libérer des capacités d'engagement supplémentaires des banques. L'urgence d'une réforme bancaire se confirme et prend forme avec le lancement de ces dispositifs afin de faire jouer aux banques leur rôle naturel de financement de l'économie et d'offrir à cette dernière un cadre propice à la croissance et à l'investissement dans un marché, national et international, en pleine conversion.