Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont envahi le centre-ville dès le début de l'après-midi pour dire non à «un 5e mandat déguisé», dont les contours commencent à se dessiner avec l'annonce des noms des candidats à la candidature, dont l'ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et le président du parti Talaie El Hourriyet, Ali Benflis. Un tsunami populaire ! Le hirak se montre toujours déterminé à faire barrage à la présidentielle du 12 décembre prochain. En dépit de toutes les manœuvres des tenants du pouvoir, le mouvement populaire reste soudé et plus que jamais engagé à faire aboutir sa révolution. Il s'oppose «au fait accompli» et rejette aussi les prétendants à ce scrutin. En effet, la capitale, Alger, était hier au rendez-vous pour le 32e vendredi de la mobilisation. Septième mois de la révolution pacifique. Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont envahi le centre-ville dès le début de l'après-midi pour dire non à «un 5e mandat déguisé», dont les contours commencent à se dessiner avec l'annonce des noms des candidats à la candidature, dont l'ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, et le président du parti Talaie El Hourriyet, Ali Benflis. Comme ce fut le cas lors du 31e vendredi, la foule des manifestants était aussi compacte. Malgré l'absence des moyens de transport, bus et train, qui ont été contraints de suspendre leurs dessertes sur Alger hier, les marcheurs, toujours engagés, ont malgré tout réussi à rejoindre le centre-ville. Il y en a même qui se sont déplacés à pied sur plusieurs dizaines de kilomètres pour participer à la manifestation. Brandissant l'emblème national, des banderoles et des pancartes portant des slogans hostiles au pouvoir en place et à sa feuille de route, les manifestants ont afflué des quatre coins d'Alger pour rejoindre les places de la Grande-Poste et Audin, où étaient rassemblés déjà les premiers contestataires dès le début de la matinée. Vers 13h45, plusieurs processions de manifestants, composées de femmes, d'hommes, de vieux, de jeunes et d'enfants, se sont ébranlées à partir des places du 1er Mai et des Martyrs pour arpenter les principaux boulevards et rues d'Alger. «Le peuple est le seul président» Les protestataires adoptent de nouveaux slogans en rapport avec le contexte du moment. Considérant la candidature des anciennes figures du système comme une volonté d'aller vers «un 5e mandat sans Bouteflika», les manifestants reviennent aux mots d'ordre lancés au début du hirak. «Makench el khamsa, djibou el BRI, zidou sa3iqa !» (Pas de 5e mandat déguisé, faites appel à la BRI et aux forces spéciales), lance la foule. Reproduisant les images du printemps dernier, lorsque le mouvement populaire était au sommet de sa mobilisation, les participants à la marche d'hier n'ont pas manqué de fustiger les candidats déclarés, particulièrement ceux qui sont présentés comme de sérieux prétendants, en l'occurrence Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis. «La Benflis, la Tebboune, hada echaab houwa errais !» (Ni Benflis ni Tebboune, le Président c'est le peuple), scandent-ils. La foule reprend aussi en chœur les slogans rejetant la tenue d'une élection présidentielle sous la houlette des mêmes figures de l'ancien régime, dont le Premier ministre, Noureddine Bedoui, et le chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah. «3amrou el istimarat fi El Imarat !» (Remplissez vos formulaires de souscription aux Emirats), «Makenche intikhabat ya el issabat !» (Pas d'élections espèce de bande), «Makench el vot, wallah ma n'dirouh, Bedoui, Bensalah lazem itirou !» (Pas d'élections, elles n'auront pas lieu. Bedoui et Bensalah doivent partir), lancent-ils, en exigeant la mise en place d'«une véritable période de transition démocratique». «Libérez les détenus !» A la Grande-Poste et à la place Audin, comme à la rue Hassiba Ben Bouali, le boulevard Amirouche et la rue Asselah Hocine, les marcheurs ont aussi scandé des slogans hostiles au chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, et aux généraux qui s'affairent, selon eux, à reconstituer le système. «Echaab yourid el istiqlal !» (Le peuple veut l'indépendance), affirme encore la foule qui n'a cessé de prendre de l'ampleur au fil des heures. Outre les slogans opposés aux élections et aux tenants du pouvoir en place, les manifestants réclament aussi, avec force, la libération des détenus d'opinion et politiques, dont le coordinateur de l'UDS, Karim Tabbou, libéré mercredi avant d'être renvoyé à la prison sur décision du procureur près le tribunal de Sidi M'hamed, d'Alger. «Karim Tabbou echaab ihabou !» (Tabbou est aimé par le peuple).