Le grand moudjahid Salem Giuliano n'est plus. Son décès a endeuillé l'Algérie et attristé ses compagnons d'armes et ses proches. Même ceux qui ne le connaissaient qu'à travers sa réputation de bravoure lui vouaient un grand respect. Il a rendu l'âme vendredi dans un hôpital à Annaba, à l'âge de 89 ans. Il a été inhumé, hier, au cimetière Zaghouène, en présence d'une importante foule venue des quatre coins du pays. Né à Annaba le 31 août 1930 à la cité Seybouse (ex-Joinnonville), Salem a rejoint le maquis en 1956. Selon Houmana Boularès, le président de l'Association des rescapés de la grande bataille de Souk Ahras, «Salem avait rejoint la base de l'Est en mars 1958. Son grade de lieutenant lui avait permis de conduire le « 4e bataillon de choc » et participé à la terrible bataille de Souk Ahras, dont il était parmi les survivants. On déplorait à l'époque 639 chouhada et 300 soldats français tués. Son bataillon était également le premier à avoir franchi la ligne Morice». Figure emblématique de la bataille de Souk Ahras, le moudjahid Salem Giuliano était aussi connu pour avoir désapprouvé le putsch de Houari Boumediène contre Ben Bella en 1965, avant de quitter l'armée, le lendemain. Ami proche de l'ancien président Chadli Bendjedid, Giuliano est issu d'une famille italienne. Selon Ali Mechentel, fils du grand moudjahid Salah Mechentel de Souk Ahras, «la famille Giuliano est d'origine italienne et ne fait pas partie des pieds-noirs. Elle s'était installée à Annaba dans les années 1800. Le grand-père Jean-Batiste Giuliano s'était converti à l'islam et avait changé son prénom pour celui de Cherif. Quant à Salem, il avait introduit en 1969 une demande de changement de nom, mais Boumediène avait refusé, car la lignée de cette famille italienne avait fourni à la Révolution algérienne plusieurs moudjahidine. La Révolution algérienne était fière de ce nom étranger». Ainsi, la disparition de Salem Giuliano rappelle aux Algériens, qu'à juste titre, la Révolution algérienne avait drainé des justes étrangers. Ils avaient épousé sa cause, tels Pierre Chaulet, Henri Maillot, ou encore Maurice Audin. Face à la férocité militaire de la France coloniale, ils n'avaient lésiné sur aucun moyen. Salem Giuliano est un parmi ces valeureux moudjahidine algériens, même si leurs noms demeurent de consonance française ou italienne.