Quelque 300 personnes se sont réunies, hier, sur les hauteurs du Mémorial de Oued Echouk, à Souk-Ahras, pour la commémoration du 58e anniversaire de l'une des plus sanglantes batailles de la guerre d'Indépendance nationale. L'embuscade, dans laquelle devaient tomber, le 26 avril 1958, près d'un millier de djounoud du 4e bataillon de l'ALN, renforcé par trois katibate des Wilayas II et III, qui tentaient de forcer la Ligne Morice, a marqué le début d'une bataille, qui a duré une semaine entière sans interruption contre les troupes de l'occupant français, coûtant la vie à 639 combattants algériens et presqu'autant du côté de l'ennemi. Devenue un lieu de pèlerinage pour les habitants de la région et pour les combattants de la base de l'Est historique, qui célèbrent, chaque année, la mémoire de leurs compagnons tombés au champ d'honneur, la zone de Oued Echouk et le haut fait d'armes dont elle a été le théâtre, ne seraient pas reconnus à leur juste valeur par les hautes instances du pays. C'est du moins ce que pensent les représentants locaux de la famille révolutionnaire et notamment Homana Boulares, qui a personnellement participé à cette bataille mémorable, et Tayeb Sedira, l'un des membres de l'Association des moudjahidine de la wilaya hôte. L'un et l'autre ont, en effet, déploré l'absence du ministre des Moudjahidine et du secrétaire général de l'Association nationale des moudjahidine et interprété cette défection comme un manque de respect à l'égard des 639 martyrs de ladite bataille, sinon à un déni du caractère historique de celle-ci. Dans une déclaration qu'ils ont voulue solennelle, les deux hommes ont exigé une reconnaissance sans ambiguïté et une inscription de cet événement, qu'ils ont qualifié de majeur, dans l'histoire de l'Algérie. Le secrétaire général des anciens du Malg, Daho Ould Kablia, qui a répondu à l'invitation des organisateurs de la rencontre, a évoqué, lors d'une conférence, les vies perdues durant cette bataille qui a contribué à forger l'identité révolutionnaire algérienne. "Nous sommes ici parce que nous sommes convaincus que la Grande bataille de Souk-Ahras, qui a été l'ultime assaut contre la tristement célèbre Ligne Morice, ses champs de mines et ses lignes électrifiées, a marqué un tournant dans la perception de la lutte armée nationale par l'occupant", a, en substance, souligné le représentant des anciens du Malg. Ould Kablia devait rappeler que les combattants algériens ont tenté de forcer cette ligne meurtrière avec plus ou moins de bonheur et à neuf reprises consécutives, entre le début du mois de février et le 26 avril 1958. Ces incursions audacieuses auraient coûté la vie à plus d'un millier de combattants, devait-il ajouter. A. A