Pour la première fois, un manifestant hongkongais a été blessé à la poitrine par un tir à balle réelle lors d'affrontements qui ont éclaté en marge de manifestations pro-démocratie auxquelles ont pris part des dizaines de milliers de personnes déterminées à gâcher le 70e anniversaire de la Chine populaire. A cette occasion, les militants pro-démocratie ont exprimé leur ressentiment à l'encontre du régime chinois, dénoncer le recul des libertés et la violation, selon eux, du principe «Un pays, deux systèmes» qui a présidé à la rétrocession de l'ex-colonie britannique à la Chine en 1997. Des affrontements ont fait rage pendant des heures après-midi dans différents quartiers du territoire semi-autonome. Des groupuscules radicaux ont lancé des pierres et des cocktails Molotov et la police antiémeute a riposté avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau. Des barricades ont été incendiées, dégageant une épaisse fumée noire entre les gratte-ciel de ce centre financier international. Après un week-end marqué par un regain de violences, la police a mis en garde lundi contre une situation «très, très dangereuse» mardi (hier). Hong Kong traverse depuis juin sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997, avec des actions quasi-quotidiennes et des affrontements violents entre radicaux et policiers. Le mouvement de contestation s'est déclenché en juin avec le rejet d'un projet de loi qui vise à autoriser les extraditions vers la Chine. Ce qui aux yeux des Hongkongais place la ville dans le giron d'une justice chinoise «politisée». La cheffe de l'Exécutif hongkongais, Carrie Lam, l'a finalement abandonné en début septembre. Mais cette mesure a été jugée trop tardive par des manifestants qui ont entre-temps considérablement élargi leurs revendications pour exiger, encore, des réformes démocratiques.Ils demandent le retrait de la qualification d'«émeutes» pour les manifestations du 12 juin, lesquelles ont fait un mort et 79 blessés. Mesure qui doit être assortie par la création d'une commission d'enquête indépendante sur les accusations de violences policières. Ils exigent aussi la libération sans poursuite des centaines de manifestants arrêtés, la mise en place du suffrage universel et la démission de Carrie Lam.