Invité au Forum d'El Moudjahid, Abdelhafid Milat a minimisé la portée de l'action de boycott du processus électoral, prônée par des maires dans certaines régions du pays. Installée dans la précipitation, l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) espère réussir sa mission, même si son vice-président, Abdelhafid Milat, reconnaît d'emblée que le facteur temps fait défaut. M. Milat lie les insuffisances et les imperfections recensées dans l'organisation du scrutin du 12 décembre aux conditions dans lesquelles cette autorité a vu le jour. Invité au Forum d'El Moudjahid, Abdelhafid Milat a par ailleurs minimisé la portée de l'action de boycott du processus électoral, prônée par des maires dans certaines régions du pays. De l'avis de M. Milat, il n'y a qu'«une petite minorité de présidents d'Assemblées populaires communales (APC) qui a rejeté l'organisation de cette élection». M. Milat a voulu illustrer ses propos par un chiffre en affirmant que plus de 1470 présidents d'APC sur un total de 1541 coopèrent parfaitement pour faire réussir le prochain rendez-vous électoral. «On ne peut pas dire qu'il y ait des communes complètement bloquées. Il y a moins de 5% des maires qui refusent d'adhérer à notre action», a-t-il affirmé. «L'Autorité a de larges prérogatives et utilisera, s'il le faut, les moyens juridiques pour débloquer ces communes et empêcher les maires, qui n'ont aucun rôle à jouer, de s'immiscer dans le processus d'organisation de ces élections», a-t-il précisé tout en rappelant que «la nouvelle loi interdit aux maires de s'impliquer dans le scrutin parce qu'ils ont une affiliation partisane». Se défendant d'être dépendant du pouvoir, l'invité d'El Moudjahid estime que l'administration n'a aucun droit de regard sur ce processus et que l'Autorité renferme aujourd'hui les prérogatives de cinq départements ministériels. Son premier défi serait d'installer les 544 délégués de l'Autorité au niveau des 48 wilayas du pays. Une opération qui sera finalisée dans les prochaines heures, selon M. Milat. Les commissions communales, quant à elles, ont été installées avec la coopération des agents administratifs activant désormais sous l'autorité de l'ANIE. Seulement, conformément à la loi, l'Autorité aurait dû installer les délégués avant les commissions communales. Interrogé sur ce sujet, M. Milat a révélé à demi-mot qu'ils ont enfreint la loi pour gagner du temps. «Nous sommes très limités dans le temps. En plus, l'installation de la commission a coïncidé avec la révision du fichier électoral», a-t-il justifié. A la question de savoir si le fichier électoral sera remis aux partis politiques, M. Milat reste évasif et donne une réponse peu convaincante. Pour lui, aucun pays au monde ne livre le fichier électoral aux formations ou candidats à une élection. «Les partis politiques n'ont pas les moyens pour assainir le fichier. Ils interviennent uniquement dans le contrôle et non dans l'assainissement», a-t-il dit. Présent à cette conférence, Bekkat Berkani, membre de l'Autorité, estime que «l'ANIE reste très sensible au phénomène de la fraude et compte faire de son mieux pour sécuriser les procès-verbaux». «La fraude n'existe pas au niveau communal ou au niveau de la wilaya, la fraude se pratique en haut lieu et les fraudeurs falsifient les PV. Nous avons force de loi et la volonté pour essayer de faire des élections les plus propres que l'Algérie ait connues», a expliqué Bekkat. Le budget de l'ANIE sera intégré dans la loi de finances 2020 et ses 50 membres seront rémunérés.