Le moustique tigre se propage dans de nombreuses localités d'Alger. Il a été signalé également dans de nombreuses wilayas du pays. Pas de carte détaillée du ministère de la Santé. La population s'affole et les autorités «rassurent». Que risque-t-on ? Jusque-là, aucun cas des maladies véhiculées pas le moustique tigre n'a été enregistré «en l'absence de cas autochtones de ces maladies», selon le communiqué du ministère de la Santé qui date de lundi dernier. Toutes nos tentatives d'avoir les détails des zones où les moustiques sont propagés sont restées vaines. Mais les questions qui tracassent les citoyens est de savoir si l'Algérie est à l'abri de ces maladies (la dengue, le chikungunya et le zika), sachant que ces dernières s'avèrent dans certains cas mortelles, notamment pour les personnes vulnérables. Le zika peut même provoquer des malformations des fœtus durant le premier trimestre de la grossesse. Le communiqué du ministère de la Santé confirme les déclarations des citoyens qui ne cessent d'alerter quant à la présence de cet insecte nocif à la fois par ces piqûres gênantes et les maladies qu'il transmet (la dengue, le chikungunya et le zika). Jusque-là, la présence du moustique tigre dans les quartiers de nombreuses communes de la capitale et même sa manifestation dans d'autres wilayas du pays ne semble pas causer de dégâts irréparables, bien que de nombreux citoyens touchés se plaignent des inflammations causées par les piqûres de ces bestioles qui, selon leurs témoignages, «sont très douloureuses». Réputé pour être particulièrement agressif envers l'homme en ciblant ses membres inférieurs, le moustique tigre peut provoquer des piqûres «très allergisantes», un enflement de l'endroit piqué, des rougeurs et une inflammation, comme l'expliquent les professionnels de la santé. Ces derniers recommandent, en cas d'atteinte, de désinfecter la peau, en premier lieu avec du savon. La deuxième étape avec des antiseptiques. A ce propos, le Pr Soukehal, épidémiologiste, insiste sur les infections causées par les mains sales. «En cas de piqûre de moustique, cela provoque des irritations et la personne atteinte gratte sa peau. C'est ainsi que les germes sont transmis», explique ce spécialiste en médecine de prévention. A l'occasion, ce médecin renouvelle son appel pour l'hygiène des mains, que ce soit au niveau des structures sanitaires ou dans les autres endroits. Quelles maladies peut-il transmettre ? Le communiqué du ministère de la Santé parle d'«inconfort» causé par la piqûre de moustique tigre, affirmant qu'actuellement en Algérie «aucun cas de maladie transmissible par ce moustique n'a été enregistré en l'absence de cas autochtones de ces maladies». La même source précise : «Dans le monde, le moustique tigre peut transmettre, dans des conditions bien particulières, la dengue, le chikungunya ou le zika.» Qu'en est-il de l'Algérie ? L'environnement actuel permet-il de voir ces «conditions particulières» présentes ? Le professeur Abdelkrim Soukehal, épidémiologiste, spécialiste en médecine préventive et d'hygiène, met en garde contre les éventuelle épidémies que pourrait provoquer la présence de leur vecteur (le moustique tigre). «Il suffit qu'un cas de ces maladies (dengue, chikungunya ou zika, ndlr) arrive en Algérie, pour que l'épidémie éclate d'une manière incroyable», avertit l'épidémiologiste. Et d'ajouter : «Il ne s'agit pas de créer de la psychose, mais la présence de ce moustique est un problème d'environnement/santé.» Bien que les différents intervenants relevant du secteur de la santé sur les chaînes de télévision se montrent confiants, quant à l'apparition des maladies, telles que le zika, le chikungunya et la dengue. Certains même rappellent que l'Algérie a été certifiée exempte du paludisme par l'OMS pour mettre en exergue la maîtrise des épidémies. Mais l'état de nos villes et quartiers n'est guère rassurant. Les habitants ne cessent de dénoncer l'insalubrité liée aux déchets et aux eaux usées dans des caves et même à ciel ouvert. Néanmoins, certains médecins insistent sur le fait que la présence du moustique tigre n'est en aucun cas liée à l'insalubrité. Bien au contraire, ils affirment que ce moustique s'installe le plus souvent dans des endroits propres (chez les particuliers, dans les jardins et dans les petites réserves d'eaux stagnantes), estimant ainsi que son éradication relève de l'engagement du citoyen. Cependant, le professeur Soukehal assure que la lutte contre le moustique tigre relève de la responsabilité des autorités locales, notamment le bureau d'hygiène, dont se dote chaque commune. La lutte «se fait d'abord contre les larves et non pas les moustiques adultes», insiste-t-il. Comment ? «Il faut nettoyer, désinfecter et renouveler régulièrement l'eau des jets d'eau qui sont pleins de larves», préconise l'épidémiologiste. Concernant l'entretien des grandes retenues d'eaux, telles que les barrages et les étangs, le professer Soukehal recommande l'introduction des poissons larvivores pour éliminer les larves du moustique tigre pour empêcher ainsi sa prolifération. Comment reconnaître le moustique Tigre ? Appelé communément le moustique tigre en raison de ses rayures noires et blanches sur tout le corps ainsi que sur les pattes, cet insecte porte également le nom de «Aedes albopictus». Il est d'une petite taille, environ 2 à 5 mm. «Il est habituellement actif dans les endroits ombragés à l'extérieur des maisons, l'activité à l'intérieur des maisons est également possible mais rare», lit-on sur la page facebook de l'Institut Pasteur ayant consacré un espace à la présence du moustique tigre dans différentes localités en Algérie, invitant ainsi les citoyens à le signaler. «C'est un moustique diurne, très actif tôt le matin et en fin de journée. Aedes albopictus est une espèce très agressive envers l'homme chez qui les membres inférieurs constituent une cible de choix», explique-ton dans cette page ayant vu la réaction de nombreux internautes. Le milieu favorable des moustiques tigres demeure les zones ombragées, les petites réserves d'eau propre. Ces dernières constituent des gîtes larvaires. Professeur Abdelkrim Soukehal. Epidémiologiste Les vecteurs des épidémies sont toujours présents Le professeur Abdelkrim Soukehal, épidémiologiste, spécialiste en médecine préventive et d'hygiène, tire la sonnette d'alarme quant à l'éventuel retour des maladies vectorielles, tel que le choléra, la peste, le typhus et le paludisme. Pour cette dernière maladie, faut-il rappeler que l'Algérie a été certifiée exempte par l'Organisation mondiale de la santé, mais le professeur Soukehal n'écarte pas son apparition dans la mesure où ses vecteurs sont toujours là. L'insecte du genre anophèle est toujours présent en raison de l'environnement insalubre. Notre interlocuteur tire la sonnette d'alarme concernant l'environnement pollué et jonché d'ordures dans pratiquement toutes les régions du pays. 03Il rappelle à cette occasion que le nettoyage et l'entretien relèvent directement de la responsabilité du bureau d'hygiène de la commune. Il fait remarquer que la présence frappante des rats dans nos quartiers se nourrissent des morceaux de pains que les citoyens laissent à l'abandon, ce qui n'écarte pas le retour de la peste. Le vecteur du typhus est également de retour en force dans la société, à savoir la prolifération des poux. Ainsi à l'approche du 2020, les peurs ancestrales refont surface. D. R.