Le moustique tigre (Aedes Albopictus), vecteur du virus de plusieurs maladies dont le chikungunya, la dengue ou le zika, a été signalé à Alger et dans quatre autres wilayas dont Tizi Ouzou, Jijel, Oran et Annaba. Mais en dehors des désagréments que ce moustique provoque, aucun cas de maladie n'a été enregistré en Algérie. Lors d'une conférence de presse organisée, hier, à l'Institut national de la santé préventive (Insp) à Alger, des entomologistes du ministère de la Santé et de l'Institut Pasteur ont rappelé la présence fortuite d'Aedes Albopictus (moustique tigre), signalé pour la première fois en Algérie à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou, en juin 2010, mais depuis, aucune activité n'a été signalée dans la région. En revanche, c'est en décembre 2015 que l'on a pu confirmer l'introduction de cette espèce à Aïn El-Turk (wilaya d'Oran ). Sa présence a été confirmée aussi à Alger, au quartier dit "Zonka" entre Birkhadem et Aïn Naâdja, en juillet 2017, et notamment à Kouba. Mais en dépit des opérations de démoustication qui ont duré 10 jours, le moustique tigre s'est propagé vers d'autres localités, à savoir Saoula, Khrécia et Hussein-Dey. À l'est du pays, une prolifération anomale du moustique a été également signalée au mois d'août 2017. Ce moustique, qui prolifère en zone urbaine, a été introduit en Europe dans les années 1990, à travers des échanges commerciaux (pneus usagés), et ne cesse de s'étendre à travers le Vieux Continent. Ainsi, des cas de chikungunya ont été déclarés en Italie et en France, et des cas autochtones de dengue ont été rapportés l'année dernière en Egypte. En Algérie, la propagation d'Aedes Albopictus est une menace réelle pour les wilayas côtières et les zones humides, avertissent les spécialistes, qui expliquent que ses larves se développent essentiellement dans des gites larvaires produits par les habitants eux-mêmes (récipients, ustensiles, pneus usagés,... abandonnés et contenant de l'eau). Et si le contrôle de la densité de ce moustique est faisable, il suffit d'une large sensibilisation de la population, insistent-ils, pour rappeler, à cet effet, qu'une campagne d'information et de sensibilisation des citoyens à travers les différents médias est déjà lancée par l'équipe de l'Institut Pasteur d'Algérie et se poursuivra durant les semaines qui viennent. Au titre des mesures prises ou à prendre, hormis la mise en place d'un comité de prévention et de lutte contre l'arbovirose dont le moustique tigre, les spécialistes ont indiqué que la surveillance entomologique à l'aide de pièges pondoirs (pour détecter les œufs du moustique tigre) sera poursuivie, afin de suivre les densités de ce moustique au niveau des zones colonisées et également pour évaluer l'impact de la démoustication) ont-ils indiqué. Mais selon eux, les traitements insecticides, dits "de confort", préconisés pour réduire la nuisance, ne doivent pas être réalisés à long terme, car ils peuvent causer une résistance aux insecticides utilisés. Au lieu de ces traitements chimiques, néfastes pour la santé, les entomologistes recommandent l'hygiène et l'entretien des maisons individuelles. D'où l'appel à la vigilance lancé à la population par le Pr Idir Bitam, entomologiste, en affirmant que "la lutte anti-vectorielle n'est pas une lutte chimique, mais une lutte de propreté", d'élimination de tous les sites potentiels de multiplication de l'insecte, notamment les dépôts d'eau de pluie, les pots de fleurs, etc. A. R. [email protected]