Le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane a prévenu qu'un conflit entre Riyad et Téhéran provoquerait un effondrement total de l'économie mondiale, et pas seulement de l'Arabie Saoudite ou des pays du Moyen-Orient. L'Arabie Saoudite ne veut pas d'une guerre avec l'Iran et ne veut pas non plus faire le premier pas pour aller dans le sens d'une désescalade. Aussi, le royaume wahhabite dément-il avoir adressé une offre de dialogue à Téhéran. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a soutenu à ce propos mardi que le communiqué, lundi, du porte-parole du gouvernement iranien selon lequel l'Arabie Saoudite a fait parvenir des messages au président iranien, Hassan Rohani, par l'intermédiaire de pays étrangers est «inexact». En réalité, a écrit Adel Al Jubeir sur Twitter, «des nations sœurs ont cherché à calmer la situation, et nous leur avons dit que la position du royaume était toujours d'aspirer à la sécurité et la stabilité dans la région». L'Arabie Saoudite accuse notamment l'Iran de déstabiliser le monde sunnite et, récemment, d'être à l'origine des attaques contre des infrastructures pétrolières saoudiennes le 14 septembre, ce que Téhéran rejette. Quelles sont les conditions pour amorcer une désescalade ? «Une désescalade doit venir du camp qui propage le chaos par le biais d'actions hostiles dans la région», a ajouté Al Jubeir, selon Reuters qui rapporte l'information. «Nous avons communiqué notre position à l'égard du régime iranien, que nous énonçons toujours clairement, comme dernièrement lors de l'Assemblée générale des Nations unies». Le prince héritier Mohammed Ben Salmane a dit, dans un entretien diffusé dimanche par la chaîne américaine CBS dans son émission «60 Minutes», privilégier une solution politique plutôt que militaire au conflit qui oppose Riyad et Téhéran. Une guerre entre l'Arabie Saoudite et l'Iran provoquerait un «effondrement total de l'économie mondiale», a-t-il estimé, appelant la communauté internationale à «dissuader» Téhéran. «Si le monde n'agit pas fortement, fermement, pour dissuader l'Iran, nous assisterons à une escalade encore plus grave qui menacera les intérêts mondiaux», a affirmé le prince héritier lors de l'émission. «L'approvisionnement en pétrole sera perturbé et les cours grimperont à des hauteurs inimaginables, que nous n'avons jamais vues de notre vivant», a-t-il expliqué. Le prince héritier Mohammed Ben Salmane a soutenu que les conséquences d'une telle situation toucheraient la planète entière : «La région représente environ 30% de l'approvisionnement mondial en énergie, à peu près 20% du trafic mondial de marchandises, environ 4% du PIB du monde. Imaginez que ces trois choses-là s'arrêtent toutes.» «Cela signifie un effondrement total de l'économie mondiale, et pas seulement de l'Arabie Saoudite ou des pays du Moyen-Orient», a avancé MBS. Il a estimé absurde l'attaque menée le 14 septembre contre des installations pétrolières saoudiennes. «Il n'y a pas d'objectif stratégique. Seul un dingue attaquerait 5% de l'approvisionnement mondial. Le seul but stratégique est de prouver qu'ils sont stupides et c'est ce qu'ils ont fait», a lancé le prince. De son côté, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiee, a soutenu mordicus lundi, que les dirigeants saoudiens avaient bel et bien envoyé des messages au président iranien, Hassan Rohani, par l'intermédiaire du chef d'un Etat tiers, afin qu'ils mènent des négociations sur des problèmes communs. Dans le même temps, le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé que l'Iran était «ouvert» à un dialogue avec le royaume saoudien afin de régler des problèmes communs, ainsi qu'à des discussions avec les Etats de la région afin de constituer une coalition pour la sécurité de la région. Pour sa part, le ministre iranien de la Défense a assuré dans une conversation téléphonique avec son homologue japonais, «qu'aucun pays de la région ne pouvait être en sécurité tant que ses voisins connaîtraient l'insécurité». Vraie ou pas, cette histoire d'offre de dialogue révèle à tout le moins que les Saoudiens cherchent à changer de fusil d'épaule concernant le dossier iranien.