Le patrimoine génétique des produits agricoles algériens est menacé. Avec l'agriculture industrielle et l'importation des semences, les variétés locales se sont réduites comme peau de chagrin. C'est le cas de la clémentine qui a vu le jour à Oran, qui est concurrencée par l'importation des variétés à haut rendement quantitatif mais non qualitatif. Oran est fière de sa clémentine, un agrume issu d'un croisement effectué localement, pour la première fois, il y a plus d'un siècle, entre un mandarinier et un oranger. La clémentine doit son nom au frère Clément qui était chef des pépinières de l'orphelinat agricole de Misserghine qui l'avait cultivée pour la première fois dans le monde, peu avant 1900. Mais cette variété locale est un patrimoine en voie de disparition. Répondant à une question, le wali d'Oran, Abdelkader Djellaoui, a appelé à «la multiplication des pépinières afin de promouvoir les variétés locales afin de promouvoir une agriculture saine». C'était lors d'une visite d'une exposition des produits agricoles qui s'est tenue, mardi dernier, à Gdyel. De son côté, M. Chifaoui, un agronome oranais, appelle les pouvoirs publics à «mettre en place des banques de graines pour conserver les variétés authentiques locales qui tendent à disparaître des champs». «Notre patrimoine végétal est un capital d'une qualité inestimable. L'urgence est mettre en place une banque de semences pour conserver les variétés locales», plaide cet agronome. Parmi les exposants à Gdyel, Hamada est un agrumiculteur qui dispose d'une pépinière au niveau d'une exploitation agricole à Misseghine. Ce passionné des variétés locales a exposé des produits agrumicoles locaux, dont la clémentine. Ces pépiniéristes locaux entretiennent une lueur d'espoir pour la préservation du patrimoine local, mais ils restent menacés par la vague de l'importation et à la course aux rendements. «Le problème est que contrairement aux variétés locales authentiques, ces variétés importées ne sont ni savoureuses au goût ni riches en éléments nutritifs sains», souligne l'agronome. «La seule manière de préserver le clémentinier local et de le multiplier par la pratique du greffage. Les semis donneraient des hybrides éloignés de la variété d'origine. La clémentine est aussi cultivée en Espagne, au Maroc en Tunisie, au Liban et en Italie. En France, elle est cultivée sous un label appelé Indication géographique protégée (IGP)», explique M. Chifaoui. Un projet de labellisation de la Clémentine-Misserghine a été déposé au niveau du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, un dossier de la Clémentine-Misserghine. «Nous espérons que le cahier des charges exigera que la semence ou la greffe soit locale et non pas importée», conseille cet agronome. Autre problème auquel fait face l'agrumiculture oranaise : la superficie agrumicole a régressé ces dernières années. La superficie agrumicole d'Oran s'est réduite de moitié durant ces dernières années en chutant de 600 à 300 ha. Pour y remédier, des investisseurs se sont lancés dans la plantation. C'est le cas d'un producteur local qui vient de planter 30 hectares de clémentine près de Gdyel.