Les Constantinois, toujours aussi déterminés qu'à la naissance du mouvement populaire qui a fait barrage au 5e mandat du président déchu Bouteflika, ont marché hier par milliers. La marche d'hier est porteuse de rejet et de désaveu de la feuille de route défendue par les tenants du pouvoir, notamment la perspective de l'élection présidentielle. Devises qui ont réussi à ressouder les rangs du hirak autour des mêmes revendications dont l'exigence de la libération des détenus d'opinion, de l'indépendance de la justice, de la liberté d'expression et surtout de la restitution des rênes du pays au peuple tant il est vrai que le pouvoir en place ne jouit d'aucune légitimité et est responsable de l'intolérable déliquescence des mœurs, voire "délinquance" de ses propres figures. Preuve en est, soutiennent les marcheurs, "la meute" de hauts responsables sous Bouteflika croupissant aujourd'hui dans les geôles d'El-Harrach. Les manifestants, qui ne s'attardent plus sur les récusations qui avaient, sous peu, en ligne de mire le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah ou le gouvernement Bedoui, privilégient désormais une cible unique, le chef d'état-major de l'armée en l'occurrence. Empruntant donc un itinéraire devenu traditionnel, les Constantinois auront laissé, lors de ce 32e acte de mobilisation citoyenne, une impression de résurrection pour le hirak qui connaît, il est vrai, depuis la rentrée sociale, une véritable mutation en termes de cohésion, de résolution et de maturité politique. Leurs slogans ne dérogeaient pas à ceux déjà scandés par les étudiants dans les mêmes artères mardi passé. "Makanch l'vote, wallah ma ndirou, Bedoui wa Bensalah lazem itirou. W'idha b'errssas hebbitou ettirou, wallah mana habssine" (Pas de vote, nous ne le ferons pas, Bedoui et Bensalah doivent partir. Même si vous deviez nous tirer dessus, nous ne nous arrêterons pas), "Makanch l'vote, diroulna les menottes", "Makanch intikhabat mâa l'îssabat", "Makanch l'vote ya s'hab el-kaskrot" (Adeptes du casse-croûte, il n'y aura pas de vote), ou encore "Siada chaâbia, marhala intiqalia" (Souveraineté populaire, période transitoire), "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil et non militaire). Résolument décidés à poursuivre le combat jusqu'à son aboutissement, ils étaient, en somme, les auteurs obstinés d'un tonnerre qui a résonné dans Tout-Constantine et qui avait pour teneur "Dawla madania machi âaskaria" (Etat civil et non militaire) ou encore "Makanch intikhabat mâa l'îssabat, makanch l'vote diroulna les menottes" (Pas d'élection avec les gangs, pas de vote même si vous nous mettiez les menottes).