L'audition dans le fond des détenus pour port de l'emblème amazigh se poursuit. Hier, ils étaient trois à comparaître devant le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Il s'agit d'Acherfouche Amar, de Bouallouche Kamel et de Khabène Abdelbasset. Ces trois détenus ont été incarcérés au mois de juin, pour avoir brandi le drapeau amazigh. Selon Me Fetta Sadat, un des membres du collectif des avocats qui assure la défense des détenus, il est attendu que "le juge d'instruction prenne ses dispositions". Elle a expliqué que le juge d'instruction peut, selon la loi, "rendre une ordonnance de non-lieu s'il considère que les faits imputés aux prévenus ne sont pas établis". Comme il peut, explique encore l'avocate, "rendre une ordonnance de renvoi au tribunal correctionnel", s'il considère, à juste titre, que "les faits reprochés aux prévenus sont établis". Dans ce cas de figure, les détenus seront jugés au cours d'un procès. Me Sadat a souligné, par ailleurs, que le collectif d'avocats ainsi que leurs familles s'attendent à une libération des détenus, vu la difficulté d'établir réellement l'accusation portée contre ces manifestants, à savoir l'atteinte à l'unité nationale pour avoir brandi le drapeau amazigh. Il faut rappeler que plusieurs autres détenus d'opinion ont été auditionnés dans le fond par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger et aucune ordonnance de non-lieu n'a été décidée en faveur de ces prévenus, pourtant, d'autres manifestants arrêtés et accusés des mêmes griefs ont été libérés, comme c'est le cas à Annaba, à Chlef ou à Jijel. Pour le collectif d'avocats qui a assuré la défense des détenus, "les procureurs et les juges abusent dans la mise en détention préventive des manifestants". Il faut rappeler, dans ce sillage, que tous les détenus auditionnés dans le fond par les magistrats ont été renvoyés en prison et aucune ordonnance de non-lieu n'a été prononcée en leur faveur. Ces détenus, incarcérés, en majorité, depuis le mois de juin, sont accusés d'atteinte à l'unité nationale et du port de l'emblème autre que celui national. Ces arrestations ont eu lieu suite au discours du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah qui avait estimé, dans un discours prononcé en juin dernier qu'exhiber un drapeau autre que le drapeau algérien était "une grave atteinte à l'unité nationale". C'est alors que les arrestations ont ciblé les manifestants qui marchaient avec l'emblème amazigh. Ils sont, ainsi, plusieurs dizaines à avoir été arrêtés et mis sous mandat de dépôt à la prison d'El-Harrach. À souligner qu'un sit-in a été organisé hier matin devant le tribunal de Sidi M'hamed en solidarité avec les détenus qui ont comparu. Ce sit-in a été initié par le Comité national pour la libération des détenus.