Selon Me Abdelghani Badi, membre du collectif d'avocats qui assure la défense des détenus, le mouvement risque de s'élargir à d'autres pensionnaires d'El-Harrach parmi les manifestants emprisonnés. Des détenus d'opinion, une dizaine selon leurs avocats, principalement des activistes du hirak, ont pris la décision d'observer une grève de la faim illimitée pour protester et dénoncer leur incarcération. Une grève de la faim qu'ils ont entreprise hier, selon les mêmes sources. Arrêtés lors des marches pacifiques du vendredi, ces détenus ne cessent de clamer leur innocence et de réclamer leur liberté. En vain. Le pouvoir s'entête à les maintenir en détention préventive. "Ils sont pris en otages par le pouvoir qui instrumentalise la justice pour venir à bout du soulèvement citoyen", accuse le collectif d'avocats qui assure leur défense. Membre du collectif, Me Abdelghani Badi parle de la grève de la faim des détenus auxquels il a rendu visite jeudi. Il a expliqué qu'"ils vont entamer une grève de la faim vendredi (hier, ndlr) pour dénoncer leur incarcération pour des raisons qu'ils ne connaissent même pas". Me Badi a ajouté, dans le même sillage, que l'adhésion de plusieurs autres détenus à l'action n'est pas exclue. "Ils m'ont informé qu'ils ont établi des contacts avec les autres détenus pour qu'ils adhèrent à l'action", a dit l'avocat, ajoutant que dans les jours à venir, "il y aura sûrement des détenus qui vont entrer en grève de la faim". Cela dit, le pouvoir se retrouvera avec plusieurs dizaines de détenus d'opinion en grève de la faim. Interrogé sur "les chances" des grévistes de la faim de la prison d'El-Harrach de bénéficier d'une réelle prise en charge médicale, notamment au cours de leur action, Me Abdelghani Badi a souligné qu'un détenu doit informer, au préalable, l'administration pénitentiaire de son intention d'entamer une grève de la faim. "Une fois que l'administration est informée et que le détenu a signé des documents, la responsabilité incombe en premier lieu à l'administration", a-t-il expliqué à cet effet. Selon le Comité national pour la libération des détenus, la plupart des détenus qui ont adhéré à cette action sont "ceux arrêtés le vendredi 13 septembre à Alger". "Cette décision extrême a été prise par les otages qui se retrouvent à El-Harrach au lendemain de la confirmation des mandats de leur dépôt mercredi par la cour d'Alger pour certains et par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed pour d'autres", précise le CNLD, qui a appelé, par ailleurs, à une marche aujourd'hui 5 octobre pour exiger la libération des détenus d'opinion.