Les rues de la ville de Bouira n'ont pas désempli, en ce 33e vendredi consécutif de la mobilisation citoyenne pacifique. Encore une fois, des milliers de personnes ont battu le pavé en début d'après-midi d'hier, à travers les quartiers du chef-lieu de wilaya, qui ont vibré au rythme de slogans hostiles au pouvoir, incarné par l'état-major de l'armée. Des citoyens enveloppés dans l'étendard amazigh ou le drapeau national ont, encore une fois, dit non à l'élection présidentielle annoncée pour le 12 décembre prochain. En dénonçant «le coup de force» du premier militaire du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, les manifestants, qui tiennent à l'édification d'un Etat civil et de droit, ont réclamé la libération de tous les détenus politiques et d'opinion. «Libérez les détenus», «Identité n'est pas un crime», lit-on sur une banderole géante, déployée par le comité citoyen de la ville de Haizer. Et sur les pancartes, les porteurs ont écrit : «Voter c'est donner plus de chance à la pérennité du système mafieux et à la continuité du régime corrompu en place», «Le temps des décisions imposées est résolu», «Non aux élections avec la bande», «Je préfère être emprisonné pour la liberté de mon pays que d'être en liberté et mon pays emprisonné», «Un système défaillant ne mérite pas un peuple vaillant». Les manifestants mobilisés ont réaffirmé leur rejet du système et de toutes les «sorties de crise» proposées par se relais. Par ailleurs, la circulation routière a été fluide hier sur le tronçon autoroutier malgré la mise en place de plusieurs barrages filtrants de la Gendarmerie nationale près de Lakhdaria et des deux tunnels de Bouzegza, dans la wilaya de Boumerdes. Néanmoins, l'accès à la capitale était presque impossible pour les usagers à hauteur de Dar El Beïda, ont témoigné des automobilistes. «Nous étions coincés dans un embouteillage monstre pour cause du barrage de la gendarmerie qui a déployé des moyens humains importants pour empêcher des Algériens d'accéder à leur capitale», dit en colère un automobiliste. Mobilisation à Bechloul A l'appel d'un comité citoyen, une marche populaire a été organisée avant-hier, à la ville de Bechloul, à l'est de Bouira, et ce, pour exiger la libération des détenus d'opinon, dont le jeune Karim Boutata, originaire de la région. En guise de soutien et de solidarité, des commerçants de la ville ont baissé rideau. La procession humaine, qui s'est ébranlée du centre culturel et a sillonné les rues de la ville, a scandé des slogans appelant à la libération des personnes injustement envoyées en prison.