Des dizaines de citoyens de la commune de Bechloul (est de Bouira) ont organisé, jeudi, une marche au chef-lieu communal pour réclamer la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les détenus d'opinion, dont Karim Boutata, militant de Bouira de l'association RAJ, arrêté mercredi dernier à Alger. En effet, les protestataires, munis de banderoles et autres pancartes où il y avait écrit entre autres "Libérez la justice", "Justice criminelle" et "Nul ne peut arrêter le peuple sur le chemin de son destin", ont sillonné les artères de la ville de Bechloul en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place. "Nous sommes en train de basculer lentement mais sûrement vers une véritable dictature", s'alarme un manifestant. Et d'ajouter : "Ces arrestations traduisent clairement la volonté du pouvoir de museler toute voix qui peut s'opposer à ses desseins et sa volonté à se maintenir coûte que coûte." Pour Djaâfar, un des initiateurs de cette marche populaire, Gaïd Salah, dans ses discours hebdomadaires, "donne des instructions en filigrane" aux juges pour appliquer sa volonté. Selon notre interlocuteur, "l'arrestation de Karim Tabbou, survenu 24h après sa libération par le juge de la cour de Tipasa, est une preuve de plus que la justice est aux ordres". Pour d'autres, la détention "arbitraire" des 103 manifestants lors des marches du vendredi à Alger signifie que le pouvoir voudrait, selon eux, diviser le pays en jouant sur la fibre régionaliste. Les manifestants ont ensuite adressé un message on ne peut plus clair aux magistrats, précisément à ceux du tribunal de Sidi M'hamed : "Restez fidèles à votre serment fait au peuple au lendemain de la révolte du 22 février, soyez à la hauteur de votre noble fonction et ne jetez pas des innocents en prison."