Les citoyens de la commune de Bechloul, à l'est de Bouira, ont organisé, jeudi, un rassemblement et une marche pour exiger la libération des 110 jeunes détenus, dont Karim Boutata et Ahcène Kadi, militants de l'association RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) arrêtés le 25 septembre à Alger. Cette nouvelle action de protestation a été décidée dans la soirée de mercredi, au cours d'une assemblée générale. Plusieurs centaines de manifestants se sont regroupés sur la place publique de Bechloul, où une opération "ville morte" a été décrétée, brandissant des pancartes où il y avait écrit : "Libérez la justice", "Libérez zawali (pauvre, ndlr)", ou encore "L'identité n'est pas un crime". "Cette nouvelle action de protestation prouve notre détermination à faire libérer tous les détenus d'opinion", affirmera Soufiane, frère de Karim Boutata et l'un des initiateurs de cette marche. Hamid Gasmi, élu RCD à l'APW de Bouira, a clairement mis en exergue le caractère "injuste et arbitraire" de ces incarcérations. "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion (…). Mettre en prison des jeunes pour avoir porté un drapeau identitaire et culturel, nous considérons cela comme une atteinte à nos libertés les plus fondamentales", a-t-il noté. Tout au long de leur procession jusqu'au siège de la daïra, les protestataires ont critiqué l'institution judiciaire. Selon Aïssous Sofiane, coordinateur du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) de Haïzer, "la justice n'est pas encore libre. L'incarcération de nos jeunes en est la preuve évidente". Pour d'autres, la détention "arbitraire" des manifestants lors des marches du vendredi à Alger signifie que "le pouvoir actuel voudrait diviser le pays en jouant sur la fibre régionaliste". Les marcheurs, arrivés devant le portail du siège de la daïra, où un fort dispositif sécuritaire les attendait, ont improvisé une brève prise de parole. Par ailleurs, la ville de Bechloul était entièrement paralysée par une grève générale en signe de solidarité avec les jeunes détenus. L'ensemble des commerces, excepté les pharmacies et les boulangeries, avaient baissé rideau. Par la suite, direction le siège de l'APC, où les manifestants ont procédé à la fermeture du bureau de vote. Une dizaine de manifestants a fait irruption dans la mairie en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place et notamment "Ulac l'vot ulac". Cela, avant de fermer le bureau de vote.