Vous travaillez sur un projet de fusion jazz-malouf. De quoi s'agit-il exactement ? Cela fait quatre ans qu'on prépare ce projet. On arrive enfin à le concrétiser. L'ensemble de Salim Fergani et le groupe Sinouj vont travailler ensemble. Nous avons eu plusieurs rencontres et avons fait des recherches. Les musiciens ont des modes de vie différents. La culture jazz et celle du malouf sont différentes. Nous avons déjà cinq morceaux. La sortie de l'album est prévue après la Coupe du monde de football. Le projet s'appelle « Koudia Affi », du nom d'un wali qui se trouve du quartier moderne de la ville. « Le wali représente la culture et la spiritualité. Nous avons monté le projet sur le principe d'une fusion jazz-malouf. Le belge Pierre Vaiana, un saxophoniste qui a eu le prix Django d'Or Master of Jazz 2009, a participé avec nous dans ce projet. Il y a également une flûtiste belge. L'enregistrement se fait en deux étapes. Une partie à Constantine avec des moyens et techniciens algériens et une autre en Belgique. Le projet a été soutenu financièrement par le ministère de la Culture. Et que contiendra cet album inédit dans les annales musicales algériennes ? Nous avons repris des morceaux qui existent et nous les avons retravaillés. L'ensemble du malouf joue cette musique comme elle est. Il y a un thème composé sur le thème initial. On appelle cela une multiplication. Ce n'est donc pas une addition d'un style à un autre. Les fusions modernes sont des multiplications s'inspirant des modes qui sont dans les morceaux. Et on développe le travail au fur et à mesure avec une harmonisation et un arrangement. Illusion a la chance de disposer du Conservatoire de Constantine pour faire des répétions. Vous êtes favorable à la création d'une école de jazz ? Aziz Djemam, Allah yerhmou, et l'équipe du Dimajazz se déplaçaient souvent en Tunisie et on travaillait avec la Wallonie-Bruxelles depuis 2001. En Tunisie, nous avons créé un événement qui s'appelait Couleur jazz qui s'est développé en école de jazz. Nous voulons faire la même chose en Algérie. Pourquoi pas ! La wilaya de Constantine nous a déjà dégagé une bâtisse pour lancer cette école. Nous allons bientôt entamer les travaux. Le jazz et ses dérivés y seront enseignés. Il y a des jeunes qui aiment commencer par le rock, le métal et le rap et reviennent au jazz. Le jazz, c'est de la science aussi ! Il faut comprendre cette musique pour la maîtriser. Cette école sera lancée fin 2010. Peut- être qu'on va l'appeler aux noms de deux de nos amis que nous avons perdus : Azziz et Adel.