La mobilisation, qui s'est déroulée dans le calme et sans incident, se veut surtout un hommage à la mémoire des victimes de la révolte du 5 Octobre 1988. La mobilisation citoyenne pour le rejet de l'élection présidentielle annoncée pour le 12 décembre se poursuit à travers les wilayas du pays. A Bouira, ils étaient des centaines à descendre hier dans les rues de la ville de M'chedallah, 45 km à l'est de la wilaya, pour exprimer leur refus catégorique de la tenue d'un scrutin «imposé» de force. Jeunes, moins jeunes et vieux ont battu le pavé, en sillonnant ainsi les rues de cette ville, contre ce qu'ils ont qualifié de mascarade. Reprenant les mêmes slogans, portant sur le rejet de l'élection, les manifestants, marquant une halte devant le tribunal de la ville, ont exigé la libération des détenus d'opinion et de toutes les personnes arrêtées au fil des protestations des mardis et vendredis survenus pour la plupart à Alger. «Libérez les otages, non à la justice de téléphone», ont scandé des manifestants qui ont également déployés des pancartes portant des messages hostiles au régime et à l'adresse du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah. L'action, qui s'est déroulée dans le calme et sans incident, se veut surtout un hommage à la mémoire des victimes de la révolte du 5 Octobre 1988. Une date marquée par le soulèvement des Algériens contre le pouvoir, sortis réclamer des libertés et exiger la fin du régime du parti unique. La révolte avait été réprimée dans le sang. 31 ans après, les revendications du peuple sont restées les mêmes et les tenants du pouvoir campent sur leurs positions en verrouillant le champ politique et bâillonnent les médias. Au chef-lieu de wilaya, une dizaine d'avocats, ayant répondu à l'appel lancé par leur barreau, ont marché depuis la cour de justice jusqu'à l'esplanade de la maison de la Culture Ali Zamoum. Les robes noires, qui peinent à mobiliser leurs confrères, ont repris les mêmes slogans du mouvement révolutionnaire, tout en exigeant la libération des détenus. Les marcheurs ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs d'Octobre 1988, a-t-on constaté.