Face à la contre-révolution orchestrée par le régime dans le but de se maintenir à tout prix, le peuple s'est organisé et a lancé sa contre-attaque. En effet, ils étaient hier plusieurs milliers de citoyens de la wilaya de Bouira à manifester contre la désignation d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat et à exiger une fois de plus le départ de tout le système. Hier, la wilaya de Bouira a connu une mobilisation record pour un jour de semaine, où ils étaient une dizaine de milliers de manifestants à marcher contre le pouvoir en place et à dénoncer la répression qui s'est abattue la veille sur les étudiants à Alger. Ainsi, c'est vers 10h que des centaines de jeunes venus des quatre coins de la wilaya se sont donné rendez-vous au point de ralliement sur l'esplanade de la Maison de la culture Ali-Zaâmoum déjà occupée par les fonctionnaires des APC, ceux de la DTP, de Sonelgaz, de l'ADE, de l'ONA, d'Algérie Télécom, d'Algérie Poste, des impôts, de l'urbanisme, de l'action sociale, ainsi que le corps médical, celui de la justice et enfin les étudiants. Les marcheurs, tout au long de leur procession qui les a conduits vers le siège de la wilaya, ont, bien évidemment, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime", ou encore les traditionnels "Pouvoir assassin" et "Libérez l'Algérie". Après une courte halte devant le siège de la wilaya, la procession a sillonné les principales artères de la ville, sur un parcours de près de 10 km. La marche d'hier avait des allures de "mini-marche" du vendredi. À noter que les rangs des manifestants ne cessaient de grossir au fur et à mesure que la foule avançait. Ensuite, une seconde halte a été marquée au niveau de la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira, où l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale, ainsi que ceux du Printemps noir. "On tient absolument à garder le caractère pacifique de notre action, car le régime veut à tout prix transformer notre révolution en répression (…). Nous devons à tout prix garder notre sang-froid et ne pas répondre à leur provocation", dira un ancien militant du Mouvement culturel berbère (MCB). Ce n'est que vers 12h30 que les manifestants se sont dispersés dans le calme, tout en promettant d'autres actions aujourd'hui et bien entendu demain vendredi. "On ne les laissera pas confisquer notre révolution (…).Ils peuvent tabasser des centaines, des milliers, mais ils ne peuvent pas réprimer des millions", assurent-ils. D'autres marches ont été organisées dans les communes de Lakhdaria, Aomar, Bechoul, El-Esnam, Ahl Leqser et M'chedallah, où les citoyens ont dénoncé le pouvoir en place. Enfin, il y a lieu de souligner qu'aucun dépassement n'a été enregistré aussi bien de la part des manifestants que du côté des forces de l'ordre qui se sont contentées de protéger les édifices publics. RAMDANE BOURAHLA