– Plusieurs animateurs de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) ont été interpellés et arrêtés ces derniers jours dans des lieux publics par des agents en civil. Raj est devenu la cible du pouvoir. Pourquoi ? Nous vivons des moments historiques depuis le 22 février 2019, le peuple s'est libéré, il a cassé le mur de la peur et a décidé de restituer sa souveraineté et de prendre son destin en main, mais le pouvoir réel ne veut rien céder à la volonté du peuple. Il n'y a pas de volonté politique pour répondre favorablement aux revendications légitimes du peuple algérien qui réclame de manière pacifique la rupture et le changement du système. Selon toute vraisemblance, toute voix qui s'oppose à l'approche du pouvoir qui cherche à se maintenir à tout prix devient sa cible privilégiée. Le RAJ a choisi son camp qui est celui du peuple qui réclame le changement du système d'une manière solennelle depuis plus de 8 mois. Ce sont donc les positions, les actions et les initiatives du RAJ qui dérangent. Le pouvoir vise à casser et à affaiblir l'association et à travers elle, toutes les dynamiques et les militants qui portent haut et fort les revendications du peuple sans se prétendre le représenter, car le mouvement n'a pas besoin de représentants. Mais le pouvoir se trompe s'il croit affaiblir et casser le mouvement par la répression. Bien au contraire. Car nous sommes des militants convaincus et déterminés, notre combat pour la liberté, la démocratie et pour un Etat de droit ne date pas du 22 février. L'acharnement de ce pouvoir nihiliste ne fera que renforcer le mouvement. – Concrètement, que reproche-t-on à ces jeunes du RAJ ? Quel crime ont commis les cinq militants qui seront traduits demain (aujourd'hui, ndlr) devant le tribunal de Sidi M'hamed ? Franchement, c'est la question que nous nous posons tous. Avant tout, ce sont des citoyens qui manifestent et qui s'expriment d'une manière pacifique comme le font les millions d'Algériens et Algériennes qui sortent dans la rue tous les vendredis depuis le 22 février. Ces citoyens, jaloux de leurs pays, réclament la liberté, la démocratie et un Etat de droit. Leur arrestation et incarcération est une grave atteinte aux libertés démocratique et une violation flagrante des droits fondamentaux des Algériens garantis pourtant dans les différentes Constitutions que ce pouvoir prétend défendre, et qu'il piétine dès que l'occasion lui ai offerte. Ce pouvoir ne respecte pas les lois les plus élémentaires du pays. Donc, ce sont des arrestations et des procès purement politiques liés à la position de l'association RAJ qui a fait le choix d'être avec le peuple et pour le peuple. – Toutes les personnalités politiques et les détenus du hirak arrêtés sont systématiquement jugés et mis sous mandat de dépôt. Il n'y a aucune mesure d'apaisement. Ne craignez-vous pas le pire pour vos camarades ? Y a-t-il pire que d'empêcher les Algériens de s'organiser, de s'exprimer d'une manière pacifique ? Y a-t-il pire que d'accuser arbitrairement des citoyens d'atteinte à la stabilité et à l'intégrité du pays pour avoir revendiqué pacifiquement leurs droits les plus élémentaires ? Y a-t-il pire que lorsque l'on instrumentalise la «justice» aux ordres pour mettre des Algériens en prison pour le seul motif d'avoir exprimé une opinion ou pour avoir porté le drapeau amazigh qui reflète la profondeur de notre identité millénaire et notre réconciliation avec une partie de notre histoire ? Le pouvoir est interpellé pour mettre fin à son entêtement qui ne peut mener le pays que droit dans le mur. Le peuple ne va pas s'arrêter, il est déterminé à aller jusqu'au bout et d'une manière pacifique. Donc la cessation des interpellations et la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes arrêtées et détenus sont une urgence. – Quelle est la position du RAJ par rapport à l'élection présidentielle du 12 décembre ? L'unique objectif du pouvoir est de tenir cette élection, car elle lui permet sa régénération au détriment de l'intérêt général du pays. Le peuple refuse ces élections, il l'exprime d'une manière claire et forte chaque vendredi et mardi à travers le référendum populaire. Le pouvoir veut réduire la crise politique multidimensionnelle que vit le pays à une question électorale. Alors que le peuple revendique le changement du système agonisant qui ne peut absolument se faire par l'élection du 12 décembre. Ces élections constituent une autre manœuvre du pouvoir et un replâtrage politique qui ne peut que compliquer et aggraver la situation. Le climat n'est pas favorable pour organiser une élection quelconque, il faut d'abord rétablir la confiance par la cessation des interpellations, la libération immédiate et inconditionnelle des détenus, l'ouverture du champ politique et médiatique, enlever l'embargo sur le hirak et sur Alger et ouvrir un débat sérieux et sans conditions avec la participation de toutes les forces vives de la société : partis politiques, syndicats, associations et personnalités nationales, qui s'inscrivent dans la rupture avec le système, afin de trouver une issue consensuelle et qui prend en charge les revendications légitimes du hirak. Nous vivons des moments historiques, la continuité du mouvement et de la mobilisation pacifiques doit se poursuivre, c'est le seul garant.