Traqués et malmenés ailleurs, les magnats de l'immobilier continuent de défier allégrement la loi à Boumerdès. Hier, une catastrophe a été évitée de justesse à la cité 11 Décembre, car des travaux de creusement étaient menés à la lisière de deux blocs d'habitation par une personne qu'on présente comme étant un haut gradé de l'armée. N'était l'intervention de la police, les choses auraient pris une autre tournure. Mais le problème était prévisible et lève le voile sur une autre affaire beaucoup plus grave. Une affaire qui concerne l'attribution de 27 lots de terrain en contrebas de la cité en question à de hauts responsables. Parmi ces derniers, figurent l'ex-wali d'El Bayadh, Mohamed Djamel Khenfar (ancien secrétaire général de la wilaya), l'ex-députée FFS, Amroun Nadia, un général à la retraite, des procureurs, etc. Achetés auprès de l'agence foncière au dinar symbolique, certains terrains ont été revendus à coups de milliards. «Il y a des bénéficiaires qui ont déjà érigé des villas de plus de cinq étages sous forme de promotions immobilières, alors que le Plan d'occupation des sols (POS) prévoit des constructions en R+3. Ces nantis du système ne reculent devant rien. Ils défient et menacent tous ceux qui osent leur barrer la route et bloquer leurs projets», dénonce un habitant de la cité. Un peu plus loin, de nombreuses promotions immobilières poussent sur les lits de l'oued Tatareg au su et au vu des autorités. Même les zones inondables, à l'instar des terrains bordant l'oued boumerdassi, n'ont pas échappé à la maffia du foncier et au phénomène de la bétonnisation. La plupart des acquéreurs de ces terrains obtiennent des permis pour réaliser des habitations individuelles, mais ils finissent par ériger des immeubles de plusieurs appartements pour les revendre à coups de milliards. «Où est l'Etat ? Il y a de réels risques d'inondations ici. On n'a même pas laissé une brèche pour le passage des eaux de pluie», s'indigne un citoyen. Outre le non-respect des normes de l'urbanisme, certains pseudo promoteurs s'adonnent à des pratiques malsaines, allant jusqu'à escroquer leurs clients en les obligeant à ne pas déclarer la totalité du prix de la vente pour fuir le fisc. Cela se passe notamment à la cité Aïn Abdellah, où de nombreux blocs ont été livrés sans être raccordés au réseau d'assainissement. Ici, même les terrains domaniaux devant servir de parkings et d'espaces verts ont été squattés et exploités par des entrepreneurs à des fins personnelles.