«Allez aux urnes tous seuls, nous, nous resterons dans la rue !» ripostent à Tlemcen, les manifestants, durs à cuire, à ceux qui s'obstinent à décider à la place du peuple. Vendredi 34. Même itinéraire, même conviction, mêmes slogans que le week end dernier «Bye bye Gaïd Salah, cette année il n'y aura pas de vote ! » et de le réaffirmer en termes clairs « Le pays est le nôtre, on décidera de notre destin !». Une pique acerbe à l'adresse de ceux qui veulent obstinément aller à contresens de la révolution populaire, pacifique et civilisée. «Pouvoir assassin ! Assassin, Assassin !» répétaient, en chœur et sur un rythme dramatiquement mélodieux, les manifestants toujours aussi nombreux et déterminés à aller jusqu'au bout de leur conviction. «Ils l'ont vendu, les traitres, ils l'ont vendu» criaient-ils, en parlant d'un pays vendu par ses gouvernants insouciants. Et de rappeler avec insistance «Bedoui, Gaïd, Bensalah, le hirak n'ira pas aux urnes !». Imperturbables, les Tlemcéniens rappelaient à des oreilles sourdes «On vaincra, tôt ou tard, on aura notre véritable indépendance !». Les boycotteurs de l'élection du 12 décembre prochain, l'emblème bien mis en avant, scandaient dans la trémie de Bab wahran, avec une cadence à faire trembler une montagne «dégagez, dégagez voleurs, rendez le pouvoir au peuple, à El Harrach (prison) vous partirez tous ! Etat civil et non militaire !». Tlemcen, martyre de vingt ans de règne de la pègre locale, protégée par Tayeb Louh, reste debout pour s'approprier leur wilaya, leur patrie…