Banni des scènes parisiennes pour ses engagements politiques controversés, l'humoriste et comédien français d'origine camerounaise, Dieudonné, a trouvé avant-hier une forte consolation auprès du public algérois. Son spectacle, Sandrine, a en effet attiré foule à la salle Atlas à Alger, malgré les prix des billets, guère à la portée de tous. Dieudonné a eu droit à un public conquis et en phase avec son humour. Applaudissements, éclats de rire et quelques petites répliques lancées par les spectateurs ont d'emblée mis à l'aise l'humoriste, au point de le voir contourner habilement, et avec humour, les problèmes de sonorisation qui ont entravé sa représentation. En guise de prélude, Dieudo tourne en dérision sa situation d'artiste banni de la scène en France, accusé de tous les maux et diagnostiqué comme « psychologiquement instable » par d'aucuns. Lui, « la branche humoristique d'Al Qaîda », comme il aime à se qualifier pour tourner ses détracteurs en dérision, ne fait pourtant que son métier d'humoriste. Et il fait indéniablement rire ! Sandrine, signifiait-il, c'est le genre de spectacles anodins qu'il faut savoir composer pour rester à l'abri de ce qui est politiquement incorrect. C'est l'histoire presque ordinaire d'un couple, d'une séparation orageuse et d'un procès conjoint contre conjoint. Le spectacle est néanmoins plein de galéjades, puisées dans des situations burlesques, où l'amour et le déchirement conjugal finissent souvent par accoucher d'un inextricable imbroglio psychologique et social. Des personnages de divers horizons défilent à la barre et chacun y va de sa culture et de sa vision sur la vie de couple ou sur la vie tout court. Après des séquences hilarantes autour des turbulences conjugales de Sandrine, Dieudo revient à la politique et met en scène un chef d'Etat africain, interviewé par une journaliste. Un chef d'Etat bien installé sur son trône, prompt à retoucher à sa guise la Constitution de son pays et faisant fi des fléaux de la corruption et de la pauvreté. Quelques stéréotypes, sans doute, sur la réalité en Afrique, mais l'humoriste en tire tout de même des répliques drôles qui n'ont pas laissé le public indifférent. Et pour finir, Dieudo ne pouvait manquer de rendre hommage et de marquer son soutien aux Palestiniens, déclinant, tel un poème, les tristes injustices qu'ils subissent. Pour sûr, jeudi dernier à la salle Atlas, le public a vraiment adoré ce « dieu-donné » de la scène, l'espace d'une soirée !