Le pouvoir en place semble passer à la vitesse supérieure pour mater le hirak. Des interpellations tous azimuts et des kidnappings sont au menu. La dernière arrestation en date est celle du président de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), Abdelouhab Fersaoui, figure de proue de la manifestation populaire. Cette énième arrestation est condamnée par des hommes politiques, des organisations des droits de l'homme ainsi que des organisations internationales. Amnesty International se dit très préoccupée par un climat de répression qui s'instaure ces dernières semaines en Algérie, appelant le pouvoir à ne pas briser le rêve et l'espoir des Algériennes et des Algériens qui revendiquent pacifiquement et fraternellement un Etat de droit et des droits humains. «Amnesty International Algérie est profondément préoccupée par un climat de répression qui s'instaure ces dernières semaines : recrudescence du nombre d'arrestations arbitraires de militants, de journalistes, d'avocats, d'étudiants, ou simples citoyens, en violation flagrante des droits garantis par la Constitution», a affirmé Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty Algérie, dans un communiqué rendu public jeudi. A la veille du 34e vendredi, Amnesty International exhorte les autorités algériennes à libérer toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression ou de réunion pacifique, et d'assurer la sécurité des manifestants. Le réseau d'ONG Euromed Rights condamne à son tour «les arrestations arbitraires» de toutes les personnes ayant manifesté de manière pacifique et insiste sur le respect des libertés d'expression et de manifestation, qui sont garanties par la Constitution algérienne et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l'Algérie a signé et ratifié. Tout en appelant à la libération immédiate de tous les détenus d'opinion, notamment Abdelouhab Fersaoui, et au respect de la présomption d'innocence, EuroMed Droits dénonce l'instrumentalisation politique d'un système judiciaire qui n'est en rien indépendant, comme le montre l'utilisation de tribunaux militaires contre des accusés civils. Mohcine Belabbas, leader du RCD, réclame la libération du président du Raj et de tous les otages. «Nous exigeons la libération de Fersaoui, qui a été arrêté ce jeudi par la police de Gaïd Salah. Il rejoint ainsi la longue liste des citoyens et des militants que le pouvoir de fait a décidé de prendre en otage», note le parti de Belabbas, qui dénonce et condamne avec la plus grande fermeté la dérive totalitaire du «commandement militaire qui ne fait que compliquer la voie de la souveraineté du peuple». Le RCD considère qu'aucune mesure répressive ne peut venir à bout de la détermination de tout un peuple. Pour sa part, le Collectif de la société civile pour une transition démocratique et pacifique s'est élevé contre la détention arbitraire de Abdelouhab Fersaoui et exige sa libération immédiate et sans condition. Le Parti des travailleurs (PT) dénonce, quant à lui, la poursuite des interpellations arbitraires et des procès politiques qui visent les militants et activistes politiques ainsi que des manifestants pacifiques dans plusieurs régions du pays, criminalisant ainsi l'action politique. «Cette escalade dangereuse a connu une nouvelle étape avec l'arrestation de Abdelouhab Fersaoui, nous dénonçons ces actes et pratiques répressifs qui touchent toutes les personnes qui ont une opinion différente de celle du pouvoir de fait», déclare le parti de Louisa Hanoune, qui estime que l'objectif de ces actes est de créer un climat de confusion et de terreur afin d'imposer la continuité du système par le moyen du simulacre scrutin présidentiel de décembre prochain, rejeté par l'immense majorité du peuple algérien. Soufiane Djilali de Jil Jadid a dénoncé la stratégie de terreur prônée par le pouvoir à l'encontre des manifestants.