Le débat sur la régionalisation en Algérie revient au-devant de la scène, parfois sous une forme paroxystique à l'image de l'initiative du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie qui vient de créer un « gouvernement provisoire » en exil. De nombreux observateurs et acteurs politiques avaient prévenu contre le risque de pareils développements dans une région particulièrement soumise à une instabilité politique depuis au moins une décennie. La nature a horreur du vide, lequel a été symbolisé par les fameuses commissions de soutien au programme présidentiel qui ont pullulé dans une région devenue un champ de ruines politique, au lendemain des événements meurtriers d'avril 2001. L'ancien dirigeant du Mouvement culturel berbère a voulu ainsi conclure un débat d'une manière radicale avant même de l'avoir entamé. La volonté de rompre avec le modèle de l'Etat jacobin, copié sur l'ancienne puissance coloniale, a germé au sein de formations politiques algériennes depuis de nombreuses années. Le débat n'a jamais été lancé entre les institutions officielles et les partenaires politiques dans un pays où le système en place a pratiquement choisi le divorce avec la société civile comme mode de gestion. Le FFS, appelé, à raison, le plus vieux parti de l'opposition en Algérie, avait en premier lancé l'idée d'une « régionalisation positive ». Le RCD a également préconisé le concept de « régionalisation modulable ». Des pistes ouvertes par ces formations politiques pour entrevoir des perspectives de développement en faveur des régions et rompre avec un modèle centralisé qui a très vite montré ses limites. La paupérisation de la société n'a fait que s'aggraver, même lorsque le pays engrange des rentrées financières record. Les cycles d'émeutes vécus dans le pays, à travers toutes les régions, ont pourtant constitué le signe d'un grave malaise social vécu par de larges couches de la population, à laquelle l'Etat n'a pas pu offrir des raisons pour croire en l'avenir. Aujourd'hui, des assemblées locales réclament les moyens et le droit de prendre en charge les attentes des citoyens, pour vaincre une misère institutionnalisée. L'affaire de la subvention du PNUD affectée à la wilaya de Tizi Ouzou, bloquée au niveau gouvernemental, n'a rien d'anecdotique. Elle met au cœur du débat national la question de la décentralisation des pouvoirs au profit des régions. Les exemples de régionalisation réussie ne manquent pas dans le pourtour méditerranéen, comme en Italie et en Espagne. Même le voisin marocain a avancé en la matière, en installant au début de l'année une « commission consultative de la régionalisation ».