Président d'une commission qui ne fait pas l'unanimité en ce sens que, pour certains, vous vous avancez sur un terrain qui concerne une population encore meurtrie et donc pas encore prête à pardonner... C'est un discours un peu trop pessimiste à mon avis. Je comprends que le sujet n'est pas facile, mais croyez-moi, j'ai sillonné tout le territoire national et j'ai longuement parlé avec franchise à toutes les parties concernées par l'amnistie. Tous ont émis le souhait de revenir à de meilleurs sentiments pour le bien de l'Algérie. Quand vous dites tous, vous parlez de qui ? Je parle de ceux qui sont encore dans le maquis, de ceux qui se sont rendus à la faveur de la loi et des autres personnes touchées par le pardon. J'ai parlé aussi longuement avec Ali Benhadj, et il a cautionné notre démarche. Mais, il y a aussi les familles victimes du terrorisme... Oui, j'allais y venir, celles-là aussi adhèrent à notre idée de tourner la page, c'est vrai qu'il y a des conditions, mais sur le fond, elles sont partantes. Bien entendu, tout se fera dans la dignité sans esprit de vainqueur ni de vaincu. Rassurez-vous, tout a été étudié pour qu'aucune partie ne soit lésée. Notre objectif, c'est la paix et la stabilité, sans aucune surenchère. Seulement, il faut savoir qu'au stade actuel, nous n'en sommes qu'à la sensibilisation sur l'amnistie et sur le programme du président de la République. Mais même le président de la République ne s'est pas encore clairement prononcé sur l'amnistie. En effet, mais notre idée est née après son discours du 31 octobre 2004. Une idée qui s'est renforcée lors de ses discours du 24 février 2004 et celui prononcé en Espagne. Notre initiative, c'est de soumettre tous les dossiers, au nombre de 2000, au président de la République et le dernier mot reviendra au peuple. Mais au fait, l'amnistie générale que vous défendez concernera quoi ? Bonne question, nous aspirons à une nouvelle ère, et pour cela, notre idée est de tourner la page depuis 1962. Elle concernera trois volets : politique, économique et social... L'amnistie fiscale aussi... Bien évidemment, mais il ne faudra pas éponger des dettes ou faire l'impasse sur des milliards que des personnes doivent au Trésor public d'un revers de la main Economiquement, toutes les personnes victimes des crises économiques seront concernées ; politiquement, on vise les détenus politiques et tous ceux qui ont un problème avec la justice, dont Ali Benhadj et Abbassi Madani. Socialement, ce sont les Algériens, anciens détenus, qui n'ont pas encore rejoint leur poste de travail. Les détails, on les donnera le moment voulu. Mais ce qui est sûr, c'est que l'amnistie concernera toutes les catégories d'Algériens. On croit savoir que les problèmes dont vous parlez seront réglés par l'argent. Il y aura des indemnisations, bien entendu, mais pas que cela... Est-ce vrai que Ben Bella est le président d'honneur de votre commission ? Tout à fait. Vous savez, l'Algérie a besoin de paix et de stabilité et pour cela nous voulons un plébiscite. Et là-dessus, je dois vous dire que nous avons déjà installé trente bureaux de wilaya, nous seront présents dans la totalité du territoire national, très bientôt. Nous avons également des bureaux à l'étranger, notamment à Boston, aux Etats-Unis d'Amérique, trois en France, en Syrie, à Abou Dhabi et en Tunisie. Et puis, pour information, notre conseil national comprend 240 membres dont des personnalités de toutes les mouvances. L'idée, et non pas le projet d'amnistie comme certains aiment le qualifier, est celle de 25 membres fondateurs.