"Ces juges d'Alger, qui ont mis sous mandat de dépôt une cinquantaine de citoyens algériens, sont en train de gagner du temps en attendant de recevoir des ordres pour prendre une décision", dénonce le coordinateur du collectif. C'est un véritable cri d'alarme qu'ont lancé une avocate et un bâtonnier aux avocats pour renforcer davantage le collectif de défense des personnes détenues et ou faisant l'objet de poursuites judiciaires pour leur participation aux manifestations du mouvement populaire. "Appel à tous les avocats : où êtes-vous ? Nous avons besoin de vous et pas uniquement dans les marches", a, en effet, écrit sur son compte facebook, Me Alili Yamina avocate de la défense des détenus. Elle a expliqué : "De nos jours, il y a plusieurs programmations devant les juges d'instruction, des présentations, des audiences pénales dans plusieurs tribunaux à l'échelle nationale et le nombre d'avocats ne répond pas aux besoins des détenus et non-détenus." "Nous devons renforcer le collectif. Sinon nous risquons de perdre la bataille, ou bien les avocats qui restent, vont lâcher et se retirer un par un du collectif", a averti l'avocate. Un appel qui a trouvé un écho favorable auprès du bâtonnier Salah Brahimi, de l'Ordre des avocats de Tizi Ouzou, qui a appelé les avocats inscrits au collectif du barreau de Tizi Ouzou pour la défense des détenus d'opinion, "à plus de présence et de persévérance dans le suivi des dossiers des détenus". Appelé à son tour, le coordinateur du Collectif national pour la libération des détenus (CNLD), Kaci Tansaout, a, néanmoins, tenu à rassurer, qu'"il y a plus de 400 avocats bénévoles qui se sont engagés à défendre les détenus, et même les avocats qui avaient, auparavant, pris ces affaires auprès des familles qui n'en étaient pas informées, ont renoncé à leurs honoraires et rejoint le collectif". À titre d'exemple, il a indiqué qu'à Tizi Ouzou le bâtonnat, à lui seul, a enregistré l'inscription de plus de 200 avocats cette semaine. Même opération à Béjaïa, a-t-il indiqué. Toutefois, le problème qui se pose est le suivant : "Les juges d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed et le tribunal de Bab El-Oued informent les avocats de la défense des détenus, via des SMS, la veille à 16h ou 18h, de la comparution des détenus devant le juge d'instruction dans le fond." Selon le coordinateur du CNLD, "il s'agit d'un plan bien étudié et bien organisé par la justice aux ordres qui n'a qu'un seul but : décourager les avocats qui doivent se déplacer quotidiennement pour assister aux auditions des détenus pris en otages et briser le moral des détenus et leurs familles". De plus, juge-t-il, "ces juges d'Alger, qui ont mis sous mandat de dépôt une cinquantaine de citoyens algériens, sont en train de gagner du temps en attendant de recevoir des ordres d'en haut pour prendre une décision". Il en veut pour preuve que "des juges ont instruit une commission rogatoire (enquête sociale) sur sept détenus résidant hors wilaya d'Alger. Cela veut dire que l'enquête va prendre quinze ou vingt jours, pour arriver à quatre mois de détention, et que le procureur va demander encore quatre mois de détention provisoire, le temps qu'il décide quoi faire". "Qu'attendent ces juges pour programmer le procès de tous ces détenus dont nombreux sont à leur 95e jour de détention provisoire ?", s'est interrogé Kaci Tansaout qui a fait état de la décision d'organiser, dès la semaine prochaine, une conférence de presse animée par les avocats pour faire toute la lumière sur plusieurs questions. A. R.