Des regards emplis de bonheur, des cœurs gonflés de joie. L'ambiance est empreinte d'une félicité palpable, en ce jour lumineux de fin d'octobre au centre-ville d'Ighil Ali. Et pour cause : le gaz naturel vient de faire son entrée pour la première fois dans cette bourgade déshéritée. C'est le wali en personne qui a procédé à sa mise en service, en présence des responsables des instances concernées de la wilaya et des autorités locales. Après s'être résignés longtemps à une perpétuelle attente, 802 familles sont alimentées en gaz. «C'est un rêve caressé par toute la population qui est devenu réalité. Nous avons passé des années de doute et d'incertitude, qui nous ont semblé interminables», lâche un septuagénaire, tout heureux de savourer l'exquis, après avoir enduré l'acerbe. Tout aussi comblé, un jeune père de famille résidant à la périphérie du chef lieu communal dispose que «tout est bien qui finit bien. Les gens ont tant souffert du retard de ce projet du gaz et des nuisances générées par les chantiers. Aujourd'hui, nous sommes réconfortés que toutes ces petites misères soient derrière nous». Quelques habitants se disent, pour leur part, soulagés de pouvoir désormais se départir de l'éreintant approvisionnement en gaz butane. «C'est une préoccupation permanente de quêter une bonbonne de gaz, qui n'est ni toujours disponible, ni à la portée de toutes les bourses. L'arrivée du gaz naturel va nous simplifier drôlement la vie», se réjouit un jeune trentenaire. Les autorités de la wilaya ont promis l'extension prochaine du gaz vers les lotissements périphériques d'Ighil Ali et quelques villages proches, comme Azrou et Takorabt. En revanche, pour les localités excentrées et enclavées, le gaz n'est, semble-t-il, pas pour demain. Les villageois de Tazla, El Kelaâ et Mouka sont invités à prendre leur mal en patience et à se consumer en fantasmes inassouvis.