Les Algériens seront certainement contents de découvrir que la série de questions foncièrement inquisitrices a été supprimée du formulaire des documents biométriques. Après avoir fait la sourde oreille aux protestations de la population pendant longtemps, le gouvernement s'est finalement résolu à suivre la voie de la raison dans la mise en place du projet du passeport et de la carte nationale d'identité biométriques électroniques. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a en effet annoncé, jeudi au Sénat, l'allégement des procédures nécessaires pour l'obtention de ces deux nouveaux documents. Concrètement, cette décision se traduira par la réduction de moitié des pièces administratives nécessaires à la confection du dossier administratif exigé pour l'obtention du passeport et de la carte nationale d'identité biométriques électroniques. Ce dossier passera ainsi de 12 à 5 pièces administratives. Ce n'est pas tout. Les autorités ont également pris la décision de réduire « à sa plus simple expression » le formulaire devant être rempli par les demandeurs au moment du dépôt du dossier administratif et qui ressemblera, a précisé Daho Ould Kablia, « à l'ancienne fiche verte pour l'obtention du passeport international traditionnel ». Les Algériens seront certainement contents de découvrir que la série de questions foncièrement inquisitrices a été supprimée de ce formulaire. Il ne sera par ailleurs plus demandé de garant d'école, de l'armée, de collègue de travail ou de répondant. Les personnes malades ou les missionnaires peuvent aussi éviter les tracasseries administratives en se voyant accorder un passeport de la forme actuelle d'une durée de 12 mois. Le durcissement par l'ancien ministre de l'Intérieur de la procédure pour l'obtention du nouveau passeport avait, rappelle-t-on, suscité un mouvement de mécontentement au sein de la population. La presse et les associations de défense des droits de l'homme, parmi lesquelles la LADDH, avaient accusé Noureddine Yazid Zerhouni de vouloir, à travers cette démarche, ficher les Algériens et mettre les libertés publiques entre parenthèses. M. Ould Kablia a d'ailleurs reconnu que la décision du gouvernement de procéder à un allégement de la procédure a tenu compte « des lourdes contraintes rencontrées et soulevées par les citoyens ». Il faut dire que les inquiétudes de la population étaient motivées dans la mesure où le passage de Noureddine Yazid Zerhouni à la tête du ministère de l'Intérieur s'est accompagné, selon le témoignage de nombreux partis de l'opposition, par un rétrécissement du champ des libertés. Aussi, cet allégement, dont vient de faire part Daho Ould Kablia, peut s'interpréter comme une volonté de lâcher du lest pour absorber le mécontentement social et tenter de redorer quelque peu le blason d'un gouvernement régulièrement qualifié de « liberticide ». Même si Daho Ould Kablia a tenu à faire savoir que c'est l'ancien ministre de l'Intérieur qui est le principal inspirateur de ces changements, il reste que la décision de mettre en place une nouvelle procédure pour l'obtention d'un passeport ou d'une carte nationale d'identité biométriques électroniques, au lendemain même du remaniement du gouvernement, peut être interprété comme un désaveu de la politique de M. Zerhouni. Une telle lecture se tient d'autant plus que le nouveau ministre de l'Intérieur a pris soin, lors de sa déclaration à la presse, de souligner qu'il comptait bien à l'avenir « conforter » et « compléter » les allégements apportés.