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Les explications du ministère de l'Intérieur au sujet du passeport biométrique Après les interrogations suscitées par les documents et les informations exigées
Le passeport biométrique est au centre d'une controverse. Depuis la mise en ligne du formulaire de demande du passeport et de la carte d'identité biométriques, la polémique n'a pas cessé d'enfler. Il faut dire que la stupéfaction des citoyens vis-à-vis de certaines informations demandées par ce formulaire a été largement relayée ces derniers jours par la presse nationale. Dans leur grande majorité, les Algériens ont trouvé «choquantes» les informations exigées dans ce formulaire. «Au nom de quoi je dois citer mes anciens camarades d'école, de travail et du service national pour obtenir mon passeport ?», lancent de nombreux citoyens qui n'ont vu dans ce formulaire qu'une immixtion intolérable dans leur vie privée. Face à ce cri de colère de la population civile, le département de Yazid Zerhouni a tenu à réagir en publiant mardi soir un communiqué. Toutefois, dans ce dernier le ministère de l'Intérieur n'a guère apporté d'explications convaincantes quant au bien-fondé des mesures prises pour la délivrance du passeport et de la carte d'identité biométriques. Selon les termes du communiqué, «ces nouvelles procédures visent une simplification des démarches devant permettre aux citoyens d'obtenir des documents d'identité et de voyage crédibles», souligne-t-on. Malheureusement, en demandant aux citoyens de présenter pas moins de douze pièces administratives, il est peu probable que les Algériens partagent la même conception de «la simplification des procédures» avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Mais, pour convaincre les plus réticents, le département de Zerhouni parle «de formalités au niveau des aéroports internationaux» qui «s'orientent vers la généralisation de l'identification biométrique des voyageurs par des systèmes de reconnaissance automatiques des photographies et des empreintes digitales». Certes, mais, encore une fois, en quoi cela justifie l'obligation imposée au citoyen de citer ses amis du cursus scolaire ou de l'activité professionnelle dans un formulaire de demande de passeport ? Le ministère qui cite encore l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), laquelle a effectivement défini les spécifications techniques de la photographie d'identité qui doit figurer sur le passeport comme image interopérable mondialement et exploitable par les systèmes électroniques de reconnaissance faciale, n'explique en aucun cas, dans le même sillage, s'il y a des réglementations internationales qui exigent qu'un requérant confirme l'identité du demandeur du passeport biométrique alors que celui-ci vient de déposer un dossier muni de toutes les pièces administratives ! Se contentant seulement d'appeler les Algériens à prendre en considération ces données nouvelles pour, affirme le communiqué, «éviter de s'exposer inutilement à des désagréments et à des atteintes à leur dignité lors de formalités de contrôle aux frontières dans les aéroports consécutivement à des dysfonctionnements des machines automatiques qui pourraient être provoqués par une mauvaise lisibilité de leur photographie d'identité non conforme aux spécifications requises», le département de Yazid Zerhouni ne donne dans son communiqué aucune réponse aux interrogations des Algériens, lesquels demeurent, jusqu'à présent, interloqués par ces nouvelles procédures. Force est ainsi de constater que le ministère de l'Intérieur répond davantage à une polémique idéologique sur le port du hidjab qu'aux sollicitations de milliers de citoyens qui ont pris d'assaut ces dernières 48 heures les daïras en quête de la moindre information à même d'éclairer leur lanterne. Mais, encore une fois, cela ne l'a guère empêché de parler «de la transparence des procédures qui ne visent, en fait, qu'à protéger l'identité et la citoyenneté des Algériens contre les activités malveillantes de groupes d'intérêts, d'usurpateurs, de fraudeurs, de réseaux mafieux et de criminels habitués à nager en eaux troubles plutôt qu'à visage découvert», est-il précisé dans le communiqué du ministère de l'Intérieur. Enfin, une chose est sûre : le passeport biométrique n'a pas fini de faire parler de lui ! A. S.