La réunion, mardi prochain, au Luxembourg du conseil d'association Algérie-Union européenne ne devrait pas déboucher sur un grand chamboulement de l'Accord d'association signé par les deux parties en 2002. L'Algérie, qui a souvent fait part de son souhait de réviser de fond en comble cet accord régulièrement qualifié par de nombreux responsables politiques de « désavantageux », se contentera finalement de négocier uniquement une adaptation du calendrier et des listes des produits concernés par le démantèlement tarifaire. « L'Algérie se propose de demander l'adaptation du calendrier et des listes des produits concernés par le démantèlement tarifaire afin de répondre aux ambitions de développement et de modernisation de l'industrie algérienne », a fait savoir, hier, à l'APS une source proche de la délégation algérienne devant prendre part à se rendez-vous déterminant pour l'avenir des relations entre l'Algérie et l'UE. La même source a justifié cette demande par le fait que depuis 2002, « l'Algérie et l'économie algérienne ont changé ». « (…) Nous estimons qu'il y a nécessité d'adapter un certain nombre de programmes qui sont inscrits dans le cadre de cet accord », a-t-elle poursuivi, en précisant que les discussions lors du prochain conseil seront axées notamment sur le démantèlement tarifaire dont « le coût pèse lourdement sur les recettes budgétaires de l'Algérie et qui n'encourage pas, également, la création et le développement de certaines industries locales naissantes ou en développement ». En d'autres termes, le défi pour le gouvernement algérien sera, précise-t-on, de faire en sorte à ce qu'il y ait aménagement des normes juridiques et économiques pour que les ambitions économiques algériennes puissent se déployer. Partant, il est prévu que le premier des deux volets économiques qui seront discutés consistera « à voir comment l'UE peut aider l'Algérie à adapter sa législation et à améliorer les performances de l'administration pour rendre ces législations lisibles de part et d'autre de la Méditerranée ». Il s'agira également pour les deux parties de voir « comment moderniser l'économie algérienne, ses entreprises et ses organismes ». Le deuxième volet économique, à l'ordre du jour, portera sur les investissements directs européens dont le flux est en deçà des attentes de l'Algérie. Bien entendu, il est prévu aussi que les deux parties abordent également le dossier de leurs échanges commerciaux hors hydrocarbures, actuellement en nette défaveur de l'Algérie. En effet, il est établi que les importations algériennes de l'UE ont doublé en 3 ans passant de 10 à 20 milliards de dollars alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE ont stagné. Le dialogue politique au beau fixe En dehors des questions économiques, les responsables algériens donnent l'air, par contre, de ne pas trop se plaindre de l'Accord d'association conclu avec l'UE et qui pour eux reste une « option stratégique ». La source qui s'est confiée, hier, à l'APS s'est d'ailleurs empressée de préciser qu'« il y a des volets qui fonctionnent bien et d'autres qui demandent à être seulement adaptés ». Au titre, justement, des volets qui ne semblent pas poser de gros problèmes figure en bonne place le dialogue politique « qui se déroule bien ». « L'Algérie est devenue un pays avec lequel on discute de questions politiques en ce qui concerne l'Afrique, le Sahel et le Moyen-Orient et une multitude de questions internationales », souligne-t-on avant d'ajouter que « le dialogue politique se déroule à la satisfaction mutuelle ». Du côté algérien, la satisfaction vient surtout du fait que l'évolution de la situation interne fait que l'Algérie (…) est devenue un pays écouté et que ses positions sont prises en compte dans des domaines aussi sensibles que celui de la lutte contre le terrorisme. C'est cette évolution, souligne-t-on, qui a conduit récemment l'UE à soutenir clairement « la politique de lutte contre le terrorisme mise en œuvre par les pays de la région, un soutien que l'Algérie souhaiterait qu'il se poursuive ». A ce propos, l'on précise que, concernant particulièrement le volet du dialogue politique ainsi que des droits de l'homme et de la lutte contre le terrorisme, les deux parties ont décidé récemment de mettre en place un « sous-comité spécifique » pour discuter de ces questions, « en réponse non seulement à la sensibilité de la question, mais aussi en réponse à l'intérêt, aussi bien de l'UE que de l'Algérie, de discuter dans le cadre d'un comité structuré sur ces trois volets ».