La circulation automobile n'a jamais été aussi fluide que durant la semaine dernière. En effet, sommet arabe oblige, l'administration locale a dû mettre les bouchées doubles pour que la capitale soit fréquentable. Même le dimanche et le mercredi, deux jours « noirs » de la semaine, en raison des bouchons inextricables qu'ils génèrent du fait qu'ils sont consacrés aux réceptions par la quasi-totalité des administrations, n'étaient plus appréhendés. Les usagers pouvaient circuler « librement » dans les couloirs réputés difficiles à l'image de l'avenue de l'ALN ou dans les parties intra-muros, à l'exemple de la rue Hassiba Ben Bouali. Résultat d'un plan de circulation élaboré pour la circonstance par la sûreté de wilaya, la fluidité dans la capitale ne pouvait être que bien accueillie par les Algérois. « Quand on veut, on peut ! », nous lance un citoyen, comme pour titiller les responsables locaux, prompts à prendre les meilleures décisions, dit-on, à la veille d'une visite présidentielle ou autre congrès réunissant des chefs d'Etat étrangers. Pour les observateurs, la « recette » est pourtant simple : réglementer la circulation des poids lourds dans la capitale, comme cela a été le cas pendant la tenue du sommet arabe. « Les autorités ont vite fait de cerner le vrai problème, afin de décongestionner la capitale. Il s'agissait tout simplement d'interdire l'accès du centre-ville, le jour, aux gros tonnages », nous confie un spécialiste. Malheureusement, limité dans le temps, le plan a dû « baisser rideau » en même temps que la manifestation politique. Au grand dam d'une métropole qui peine à décrocher une place dans le bassin méditerranéen. Pour n'évoquer que les porte-conteneurs qui pullulent à l'entrée du port et qui sont inévitablement un facteur de blocage, il a été question, il y a quelques années de les « sortir » d'Alger. Une gare de triage, installée dans la banlieue est, devait servir de zone centrale pour l'enlèvement des conteneurs. Rappelons que l'entreprise du port d'Alger a dégagé une zone sous-douane de plusieurs hectares à Rouiba. Des enlèvements s'opèrent, certes, sur le site, mais le problème, dans sa globalité est loin d'être réglé, et ce, malgré l'existence d'une zone similaire aussi vaste, gérée par une entreprise étrangère à Réghaïa. Partie prenante dans la réglementation et l'organisation de la circulation, la Gendarmerie nationale a émis, l'année dernière, une batterie de propositions dans le but d'aérer la capitale. « Nous avons signalé le fait que les chargements, les livraisons et autres approvisionnements ne doivent être faits que la nuit. De ce fait, Alger serait libéré des milliers de poids lourds qui bloquent la circulation automobile », soutient-on auprès du commandement de la Gendarmerie nationale. En 2004, les camions, les bus et les minibus ont causé le décès de 1119 personnes, alors que 8409 autres ont été blessées dans 4625 accidents de la circulation. La Gendarmerie nationale demande à ce que le plan de circulation appliqué pendant le sommet soit maintenu dans le temps. « Certes, avec la réalisation des trémies, la circulation automobile dans la capitale tend à se fluidifier, mais il ne faut pas se leurrer. Dans un proche avenir, on retournera à la case départ », prévoit un spécialiste. Et de préciser : « Le parc automobile grandit de jour en jour. Les quelques infrastructures, en dépit de leur utilité, ne pourront jamais y faire face ».