Dans cette région de la haute Soummam, la cueillette des olives a débuté, installant dans les oliveraies l'ambiance habituelle d'une kermesse bucolique. La fin d'«Ikechachen», une période du calendrier agraire correspondant à la 2e moitié du mois de novembre, signe habituellement le coup d'envoi de la campagne oléicole dans la région d'Akbou et la haute vallée de la Soummam. L'olivaison version 2019/2020 n'a pas dérogé à la règle. «Notre longue expérience du terrain nous a instruit de s'y prendre dès que les olives sont arrivées à maturité. Toute récolte anticipée génère un manque à gagner en productivité, alors que le retard expose les baies à la dégradation et au risque de chapardage» souligne, doctement, un sexagénaire du village Alma, dans la commune de Chellata. Ces jours-ci, dès que l'aube s'extrait de la nuit, les exploitants, mi-sommeillant, mi-babillant, investissent leurs oliveraies, munis de tout l'attirail de récolte. «Le denier week-end de novembre a été marqué par le lancement de la cueillette. Là où les charpentières ne se prêtent pas encore à la traite, on a commencé par ramasser les olives tombées par terre», dira un exploitant d'Allaghan, dans la commune de Tazmalt. Au cours de ces deux jours de repos hebdomadaire, les champs résonnaient du boucan des bambins, donnant à ce début de campagne l'allure d'une kermesse bucolique. Ce n'est pas encore le grand rush, peut-on constater. Bien des exploitants préfèrent différer la cueillette d'une semaine ou deux. Le temps que les baies mûrissent à point, pour en tirer un meilleur profit. Les apports pluviaux de ces mois d'automne semblent avoir insufflé un sursaut d'optimisme aux paysans, quant à cette olivaison qui s'annonce sous de bons auspices. Outre la générosité du climat, le faible impact de la mouche à olive et la bonne fructification permettent d'entrevoir un bilan sinon satisfaisant, du moins correct. «Tous les facteurs positifs sont réunis. Nous avons la certitude d'avoir un bon rendement, de loin meilleur que celui de l'olivaison écoulée», prédit un citoyen d'Ighzer Amokrane, propriétaire d'une oliveraie à Boutagout, à la périphérie de la ville. Au même titre que la variabilité inter annuelle des volumes de production, la productivité se distingue par son caractère hétérogène. Elle fluctue au gré des conditions climatiques et des variétés d'olives. «Dans la haute vallée de la Soummam, s'étendant d'Ouzellaguen jusqu'à Tazmalt, en passant par Akbou, Chellata et Ighram, c'est la variété Achemlal qui domine les parcours. Son rendement moyen est de 18 litres par quintal, avec des pics de 25l/q», confie un oléiculteur du village Tighilt Makhlouf, sur les hauteurs d'Akbou. La rareté des parcours monovariétaux, dit-on, rend malaisé l'appréciation de l'indice de maturité des olives. Les exploitants chevronnés se fient à leurs connaissances empiriques. Ils attentent que les charpentières se prêtent à la traite et au gaulage. Néanmoins, «le gaulage est la solution ultime. Il est réservé aux arbres clairsemés. On le pratique délicatement, pour ne pas blesser le fruit et préserver les bourgeons», souligne un fellah de Chellata. Cependant, même si ça baigne dans… l'huile, fait-on remarquer, la conduite des récoltes est loin de fonctionner sur un mode vertueux. Le gaulage inopportun et maladroit, la longue attente des olives avant trituration, les mauvaises conditions de stockage et le mode de conditionnement, tout aussi inapproprié, de l'huile, sont toujours si prégnants. La conformité avec les normes de qualité attendra.