Cycliquement, un conflit vous oppose au syndicat de votre entreprise, dont le dernier en date a été ponctué d'un préavis de grève pour le 21 juin. Qu'en est-il exactement ? Oui, nous avons eu à vivre un conflit en début d'année qui, de notre point de vue, était inutile. Nous sommes de nouveau, 5 mois plus tard alors que le fonctionnement de l'entreprise s'améliore, face à une autre menace de grève. En outre, vous savez tous que nous donnons la priorité au travail des salariés d'ArcelorMittal, comme nous l'avons prouvé avec nos partenaires dans le traitement 320 travailleurs de la cokerie, tout comme nous nous sommes engagés avec les 450 salariés de la tuberie TSS, dont le plan de charge est nul. Les « mis en disposition » sont aussi concernés. Après évaluation et quand la situation le permettra, ils seront intégrés dans ArcelorMittal Annaba. Cependant, dans un climat délétère, personne ne peut évoluer, ni l'entreprise ni ses travailleurs. Si la grève, que vous estimez illégale, a lieu, intenteriez-vous une action en justice contre le syndicat ? Si la grève a lieu demain, nous mènerons bien entendu toutes les actions nécessaires à son interruption. Nous attachons de l'importance au respect des règles et lois, qui sont des gages de sérénité pour chacun. Cette grève est illégale, car il n'y a pas eu de procédure de conciliation, donc pas de procès-verbal de non-conciliation. Il n'y a pas eu aussi de consultation à bulletins secrets de l'ensemble des salariés. Les travailleurs seront peut-être appelés à se mettre en grève, il est de notre devoir et de notre responsabilité de leur rappeler que même si nous prenons toutes les dispositions vis-à-vis de nos installations, cette grève mettra encore une fois notre haut fourneau en risque, sachant qu'il vient de redémarrer difficilement, que cela sera encore une fois préjudiciable à la santé financière de notre entreprise, que cela pèsera encore une fois sur la confiance de notre groupe et de nos clients. Les grévistes ne seront pas payés. Nous devons donc recenser qui est gréviste et qui ne l'est pas. Le syndicat exige de vous l'application des dispositions de la convention de branches, alors que vous vous considérez non concerné... C'est à nouveau un point de droit, la convention collective de branches ne s'applique pas. On peut d'ailleurs remarquer que depuis 2002, nous avons notre propre calendrier de négociations salariales. Nos prochaines négociations sont prévues fin 2010 au terme de notre pacte de juillet 2009. On dit que les augmentations prévues dans la convention collective de branches sont un droit, ce n'est pas exact. Le syndicat vous accuse d'avoir lésiné sur les moyens en matière d'investissement. Peut-on faire le bilan en chiffres depuis votre installation en Algérie en 2001 jusqu' à aujourd'hui ? L'investissement d'ArcelorMittal en Algérie est de l'ordre de 150 millions de dollars. Ce montant est en ligne avec ce qui était envisagé. En outre, chacun sait que nous avons un plan de développement qui demandera, sur les années qui viennent, d'investir à nouveau plusieurs centaines de millions de dollars, en particulier pour la réfection de fin de campagne du haut fourneau numéro 2, le remplacement de 3 convertisseurs, le remplacement ou la réfection de notre laminoir à fil, sans compter les programmes en cours de mise aux nouvelles normes environnementales. Avec une capacité de production théorique de 2 millions de tonnes d'acier liquide, le complexe d'El Hadjar n'a pratiquement jamais atteint les 50%. Qu'en est-il ? Historiquement, il est vrai que le complexe a toujours été en deçà de ses capacités nominales. Néanmoins, notre production s'améliore. Elle est passée en rythme annuel de 487 000 à 714 000 tonnes d'acier liquide. Notre productivité est par conséquent passée de 75 à 118 tonnes par personne et par an avec un taux de fréquence accident qui est passé de 6,5 à 3. Accompagné d'un membre de la direction générale du groupe ArcelorMittal, vous avez été reçus avant-hier par le nouveau ministre de tutelle. Peut-on savoir l'objet de la rencontre ? L'objectif de cette rencontre était de faire un point sur les réalisations des années écoulées, de démontrer le redressement en cours après deux années de difficultés et de discuter des éventuels problèmes rencontrés. Ce genre de rencontre entre un acteur important de l'économie et le gouvernement est normal, indépendamment même de la structure de l'actionnariat.