Le vote pour l'élection présidentielle du 12 décembre commence aujourd'hui pour les Algériens résidant à l'étranger. Cette élection a été précédée d'une campagne quasiment inexistante de la part des cinq candidats adoubés par le pouvoir politique. La communication de la part de l'autorité chargée de l'organisation des élections et de leur déroulement était réduite à sa plus simple expression. Pourtant, les bureaux de vote en France et dans les autres pays accueillant des ressortissants algériens et binationaux ouvrent leurs portes aujourd'hui et jusqu'à jeudi prochain. Si les candidats n'ont pu faire eux-mêmes campagne auprès de la communauté algérienne résidant en France – au motif de restrictions budgétaires, semble-t-il – aucun de leurs représentants, à supposer qu'ils en aient, ne s'est manifesté publiquement ou par voie de presse. Que proposent les prétendants à la plus haute fonction de l'Etat dans leurs programmes aux nationaux vivant à l'étranger ? Dans leurs déclarations de campagne sur le territoire national, pas une allusion à leurs compatriotes de l'émigration. Ignorées et laissées-pour-compte, les voix de la diaspora sont toutefois convoitées. Consciente des desseins dont elle est l'objet, elle refusera certainement, une fois de plus, d'être instrumentalisée à des fins qui ne sont pas les siennes. La vacuité et le vide sidéral des pro-élection qui ont fait profil bas tranchent avec la dynamique sans faille, soutenue, au hirak, à ses mots d'ordre, à ses revendications. Rassemblements, marches, meetings, conférences-débats, présence sur les réseaux sociaux, travail des radios et télévisions communautaires et autres initiatives et actions sont, depuis le 22 février, organisés par les nombreux militants démocrates, collectifs, associations et regroupements nés à la faveur de la Révolution populaire pacifique et démocratique du Sourire ou, plus anciens, parmi les Algériens de France. Et ce, pour marquer leur soutien à leurs compatriotes d'Algérie. Pour signifier qu'ils sont concernés et partie prenante de ce combat populaire pacifique qui rejette massivement des élections destinées à maintenir le système dont ils réclament l'éradication. Pour arracher un nouveau mode de gouvernance émanant de la souveraineté populaire, fondé sur le droit et la légalité. Pour faire dégager ce système et ses symboles. Aussi, la diaspora algérienne à travers le monde a montré qu'elle est à l'unisson des aspirations du peuple dont elle est issue. Qu'elle est au diapason de sa mobilisation pacifique depuis dix mois pour une nouvelle République inclusive, ouverte à tous ses enfants, où qu'ils se trouvent. Faut-il rappeler que dès le dimanche 15 février, un rassemblement était organisé place de la République, marquant le premier des rendez-vous dominicaux jusqu'à aujourd'hui, d'abord contre le 5e mandat de Bouteflika, puis pour le rejet de tout le système. La diaspora algérienne a toujours joué un rôle primordial dans l'histoire de l'Algérie, de l'Etoile nord-africaine à la Fédération de France du FLN. Comme hier leurs parents étaient partie intégrante de la lutte pour l'indépendance nationale, leurs enfants sont, aujourd'hui, non pas à la marge, mais au cœur de la lutte pacifique pour le recouvrement de la souveraineté du peuple. Nombre d'entre eux seront, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 12 décembre, rassemblés devant les consulats pour dire pacifiquement leur refus de ce simulacre électoral et, a contrario, leur adhésion à la mise en œuvre d'une réelle transition démocratique, avec un pouvoir constituant pour l'avènement d'une Algérie libre et plurielle. Et comme l'affirmaient les signataires d'un appel à la constitution d'une Alliance des démocrates de la diaspora algérienne (ADDA), le 14 août dernier, «c'est par notre union, Algériennes et Algériens du pays et de la diaspora, que nous arriverons au nécessaire dépassement du système et à la construction d'une Algérie démocratique et plurielle, une perspective qui propulsera le pays dans la modernité politique, économique et sociale et qui marquera l'histoire des peuples au même titre que la première Révolution algérienne avait marqué le mouvement de décolonisation du XXe siècle».