Les 1600 supporters ont embarqué, hier à 6h, à bord des 22 bus pour retrouver leur ville adoptive, Pretoria, pour un voyage de 1700 km. Broyant du noir après la défaite contre la Slovénie, les supporters devenaient incontrôlables. Stellenbosch. De notre envoyé spécial Très hospitaliers au début, les autochtones sont devenus méfiants envers ces « gens venus d'ailleurs et au comportement incompréhensible ». L'ambiance morose qui planait sur leurs résidences faisait craindre le pire pour les encadreurs et les hôtes, même si ces derniers n'en disaient mot. Par pudeur et sens de l'hospitalité. Cependant, l'exploit des verts face aux prétentieux camarades de Rooney, vendredi soir, a revigoré les fans qui y croient plus que jamais. Et c'est en conquérants qu'ils vont retrouver « leur » Pretoria. « Avec un moral au plus bas, la distance nous paraissait un enfer. Maintenant, nous sommes motivés pour parcourir des milliers de kilomètres afin d'aider notre sélection à battre les USA et nous les battrons, pourvu que la Slovénie ne tombe pas face aux Anglais et, à nous la qualification ! », affirment des jeunes en chœur. A Stellenbosch, les commerçants se sont frottés à nouveau les mains, puisqu'il ne restait sur les étals ni vuvuzela ni derbouka. Il faut dire qu'ici — et c'est quasiment hilarant —, les prix des produits fluctuent selon les résultats des équipes en compétition. Par exemple, quatre heures avant le match Algérie- Angleterre, emblèmes, tenues, bonnets et écharpes aux couleurs nationales étaient bradés (un bonnet et une écharpe à 80 rands, soit 800 DA). C'était la dernière apparition des Verts à Cape Town. Au lendemain de l'exploit du team à Saâdane, les prix ont triplé à Stellenbosch. Ce qui a suscité la colère d'un de nos supporters qui a explosé à la face d'un commerçant : « Si on avait perdu, vous nous auriez offert toute votre marchandise ! » N'est-ce pas la loi de l'offre et de la demande ? En dépit des humeurs, au lendemain de la très bonne performance des Fennecs, les Algériens, avec un tantinet de fierté, étaient fortement salués dans la rue par la population. Et l'espoir renaît… Rendez-vous à Pretoria dans 48 heures ! Rencontre avec d'anciens joueurs à Cape Town Djamel Adlani, Mohamed Boulehbal, Slimane Guenifi, Mohamed Tahar Benabdoune… d'anciens joueurs du MOC, du CSC et de l'AS Khroub se disent heureux de la prestation des Verts face au soi-disant ogre anglais. On était sous pression avant le match, notre cœur attendait un résultat et au fil des minutes on avait repris confiance. Honnêtement, même si on avait perdu, on n'aurait pas à rougir », entame Slimane Guenifi. Mohamed Boulehbal abonde dans le même sens : « Souhaitons qu'on garde la même volonté et le même rythme contre les Américains. » Mohamed Tahar Benabdoune estime, pour sa part, que « les coéquipiers de Boudebouze étaient sur un pied d'égalité avec Rooney, Lampard and Co. On était entrés avec le même rythme que les grandes nations, cela nous honore. » Djamel Adlani considère qu'« on avait besoin d'un finisseur ; en plus, il manquait des tirs qui auraient pu faire la différence ». Le quatuor est loin de blâmer Matmour : « Il ne pouvait pas faire grand-chose dans la mesure où il recevait des balles à disputer et pas des balles de but. » Mais tous s'accordent à dire que nos « combattants du désert » ont joué avec une grande volonté. « On ne peut s'exprimer qu'avec notre jeu fait de passes courtes et précises et des débordements. » Enfin, les quatre anciens joueurs, tous convertis en entraîneurs, applaudissent la rigueur tactique prônée vendredi par Saâdane. Un ultime souhait : « Nous souhaitons la même hargne et la même rage de vaincre de nos Verts contre les USA ! »