Voici enfin une relative bonne nouvelle pour l'Algérie qui vit une conjoncture politique explosive et une situation économique très délicate : grâce à un rapprochement inédit entre la Russie et l'Arabie Saoudite, le prix du pétrole repart à la hausse. Juste après l'annonce par l'OPEP et ses alliés de réduire davantage la production, le baril de Brent s'est apprécié. Les 24 pays rassemblés sous l'appellation OPEP+ (une coalition entre l'OPEP et 10 pays alliés, dont le géant russe) ont prolongé leur accord, lors d'un sommet qui vient de se tenir à Vienne, pour réduire davantage leur production afin de soutenir les cours du brut. Le tournant avait été opéré, fin 2016, quand l'OPEP a scellé une alliance gagnante avec 10 Etats producteurs menés par la Russie qui, jusqu'alors, snobait l'OPEP. Les pays de cette alliance, baptisée OPEP+, qui produisent environ la moitié du brut mondial, ont paraphé une charte de bonne et fructueuse coopération pour faire remonter les cours du pétrole. Depuis, ce nouveau grand bloc de 24 pays limite drastiquement la production pour faire face à l'effondrement des prix de l'or noir, généré notamment par la terrible concurrence du pétrole non conventionnel aux Etats-Unis. Associée à neuf partenaires, la Russie (deuxième pays producteur derrière les USA) permet ainsi à l'OPEP de faire face à la concurrence américaine. L'Arabie Saoudite (le plus influent membre de l'OPEP et premier exportateur mondial) dispose désormais d'un nouvel allié de taille qu'est la Russie. Riyad, traditionnellement inféodé à Washington, a scellé un rapprochement inattendu avec Moscou. Les deux pays ont signé, il y a deux mois, une trentaine d'accords à vocation notamment militaire et énergétique. Des accords qui ont rehaussé le partenariat russo-saoudien à un niveau inédit, charriant de lourds investissements se chiffrant en milliards de dollars. Cette lune de miel entre Moscou et Riyad a été inspirée par leur rôle moteur dans l'accord entre grands producteurs de pétrole, permettant d'amortir la chute des cours qui a ruiné leurs économies. Si l'Arabie Saoudite détient les pleins pouvoirs au sein de l'OPEP, elle n'a en revanche, jusque-là, aucune influence sur le Venezuela et encore moins sur son ennemi juré l'Iran, qui se trouvent être de bons alliés de la Russie. C'est précisément là que réside la complémentarité entre la Russie de Poutine et l'Arabie Saoudite qui découvre, de fait, les vertus d'une inédite infidélité vis-à-vis des Etats-Unis. Une émancipation qui défie précisément le président américain, Donald Trump, qui avait récemment exhorté – sans aucun brin de diplomatie – l'OPEP à maintenir sa production en l'état. Alors que les Etats-Unis ont toujours su garder l'Arabie Saoudite dans leur giron comme l'un de leurs plus proches alliés économiques, avec cette nouvelle donne, Donald Trump perd complètement la main, au grand dam de la puissante filière du pétrole de schiste et au plus grand bonheur des pays dépendant des énergies fossiles, à l'image de l'Algérie.