Rencontré dans son bureau, au 6e étage de l'édifice de l'Unesco, Nouréini Tidjani Serpos, sous-directeur général de l'Unesco chargé du département Afrique, a bien voulu répondre à nos questions. Abordons directement notre thème. Quelle est la place de l'Afrique à l'Unesco ? L'Unesco a deux priorités, dont l'une est l'Afrique. Le continent africain est un élément de travail en ce qui concerne le développement de l'éducation, la science et la communication. Comme l'on sait, l'éducation est le problème majeur en Afrique, on compte des dizaines de millions d'analphabètes dont une majorité de femmes. La richesse c'est l'homme, soit l'être humain et par voie de conséquence il faut le former. Dans le domaine de l'éducation, l'Afrique doit être inscrite comme une primauté. Quant au volet culturel, il est de notre devoir de dire que notre continent a été spolié. Notre culture a été bafouée et reniée. Il faut redonner force et vigueur à la créativité et que nos œuvres d'art emportées doivent être restituées. Nous avons besoin de notre mémoire pour avancer. En ce qui concerne la science, nous devons nous intéresser au continent asiatique qui a fait un bond énorme et nous en imprégner. La science est une arme importante. Si elle est utilisée comme au Japon qui n'a ni or, ni pétrole, ni gaz, ceci devra nous faire réfléchir. Mais, existe-t-il une solution pour y remédier dans des délais respectables ? Bien sûr, nous devons être en perpétuelle cogitation. Nous avons des femmes et des hommes compétents et dans ce domaine l'Unesco a un rôle important à jouer. Jusqu'à aujourd'hui, nos dirigeants pensent en termes politiques et économiques, sans intégrer nos esprits. Je vous cite l'exemple de nos écoles, elles ont toutes un programme différent, pourtant notre histoire est la même. Il faut faire en sorte que nos ouvrages et manuels scolaires soient les mêmes, de cette façon nos enfants seront intégrés. Il est indispensable que nous voyions les choses de la même façon et à ce titre, l'Unesco a raison. L'école doit être le vecteur des valeurs et c'est urgent. En termes de chiffres, quelle est la part financière allouée par l'Unesco au continent africain ? Vous savez, 30% du budget de l'Unesco sont alloués aux programmes de l'Afrique. Par ailleurs, il y a lieu de noter que l'Unesco n'a pas assez d'argent, mais a contrario, elle possède l'expertise et elle la met à la disposition de nos populations. Parlons maintenant de l'Algérie, comment appréciez-vous son rôle à l'Unesco ? A vrai dire, l'Algérie joue un très grand rôle au sein de cette organisation en mettant en exergue des idées et des orientations. Elle est membre du Conseil exécutif en la personne de M. Rahal, conseiller du président Bouteflika. Ce qui est important de souligner, c'est que l'Algérie n'a jamais renié son appartenance à l'Afrique. Je considère que l'Algérie est le toit du continent. Quand on a un bon toit, on n'a nullement peur des intempéries. J'ai visité l'Algérie et même l'intérieur du pays et j'ai remarqué qu'il y a un énorme travail qui a été fait. Elle se dote d'infrastructures pour son développement. Toutefois, du côté de la jeunesse, je pense qu'il doit y avoir du travail à accomplir. La lutte doit s'intensifier. Effectivement, vous avez visité, en avril dernier, la localité de Tiout dans la wilaya de Naâma, en répondant à une invitation de l'organisateur du Marathon international. Quel a été votre sentiment ? J'ai été littéralement subjugué par ce lieu. J'ai découvert des choses très belles et très intéressantes, comme les gravures rupestres et le vieux ksar, c'est pratiquement le lien avec l'Afrique subsaharienne. J'ai été agréablement surpris et j'ai dit à mon épouse qu'on doit y retourner. C'est la première fois que je m'approche du désert. Aussi, je tiens à souligner que cela a été une occasion de montrer le retour de la sécurité. C'est la preuve manifeste que le terrorisme relève du passé.