Les espoirs des paysans de la commune de Béni Maouche sont contrariés par les programmes de développement, lesquels ont débouché sur un flop lamentable. Cette commune rurale a été retenue parmi les dix communes pilotes pour bénéficier de l'expérimentation du projet Capdel (programme de coopération pour le développement local). Un programme initié et cofinancé par l'Union européenne et le gouvernement algérien, dont l'ambition déclarée est de promouvoir le développement des territoires en valorisant les ressources locales. L'idée était de partir de ce qui existait en zone rurale et d'améliorer la production, la qualité et la commercialisation des produits du terroir. A Béni Maouche, c'est l'agriculture qui a été identifiée comme créneau porteur et le tourisme de montagne, un domaine en friche, vierge de tout investissement. Une série de rencontres ont été organisées en présence de délégués de l'UE, missionnés pour encadrer le projet. Le paradigme s'est appuyé sur le principe du développement participatif, avec la mise à contribution des agriculteurs, des artisans, du mouvement associatif et des institutions publiques. Des ateliers ont traité plusieurs aspects, notamment ceux en rapport avec la gouvernance locale concertée, à travers les conseils consultatifs, la numérisation de l'administration, la formation des acteurs économiques et la prévention des risques. Tout un programme, qui est resté hélas, au stade de déclaration d'intention. En effet, des années se sont écoulées et aucune action n'a été traduite dans les faits. Pourtant «tous les programmes ont été mis en œuvre à travers le territoire national, exceptés Béni Maouche et Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou», confie un responsable de l'APC, qui voit dans ce statu quo «une volonté de mise à l'écart». Pour les paysans de Béni Maouche, c'est une désillusion de plus, après celle infligée par les fameux PPDRI (projets de proximité de développement intégré). Des programmes réduits à l'ouverture de pistes agricoles, suite à un désengagement progressif de tous les secteurs impliqués. Les acteurs de la région, auxquels on a fait miroiter une opportunité de second souffle pour le développement de leur territoire, n'en finissent pas de se consumer en vains espoirs. «J'ai la désagréable impression que les pouvoirs publics se paient notre tronche, avec cette foison de promesses qui débouchent sur du vent», lâche, amer, un aviculteur du village Tala n Tinzer. «Cette manière de faire participe à décrédibiliser l'administration et à renforcer le sentiment de défiance de la population à son égard», tranche un paysan de Trouna.