Les réserves prouvées ou estimées de la mer Caspienne justifient pleinement des investissements colossaux ». C'est en ces termes que l'ambassadeur de l'Union européenne à Bakou, Rolan Kobia, répond à notre question sur l'évaluation des réserves de la mer Caspienne. Les chiffres des réserves auraient été gonflés par l'Administration américaine au début des années 1990 pour amener les grands groupes pétroliers à investir dans cette région difficile mais prometteuse pour l'approvisionnement énergétique de l'Occident. Diversifier les sources et les routes, tel est le credo de l'UE en matière d'approvisionnement énergétique. L'Europe veut être présente là où se trouve le gaz nécessaire à son approvisionnement. Pour l'instant, la Russie, la Norvège et l'Algérie sont ses principaux fournisseurs. Il faudra tenir compter à l'avenir avec la mer Caspienne, le Moyen-Orient aussi qui se place avec le Qatar, mais aussi le Nigeria avec le TGSP. La crise russo-ukrainienne de janvier 2009 et la coupure qui s'en est suivie a encore montré la nécessité d'une grande diversification des sources. « Personne ne pensait que l'Europe serait privée de gaz en janvier 2009 », nous confie M. Kobia qui travaillait dans le cabinet d'André Piebalgs, commissaire à l'énergie à l'époque. « La délégation européenne est jeune, elle a deux ans d'âge, même si l'Europe entretient depuis le début des années 1990 des relations avec l'Azerbaïdjan après 70 ans de domination soviétique », précise M. Kobia. Les relations développées avec le programme Tacis concernaient l'assistance technique et l'humanitaire dans les zones touchées par la guerre avec l'Arménie. Par la suite, un accord de partenariat et de coopération a été signé entre l'UE et l'Azerbaïdjan en 1996 et dont l'entrée en vigueur est datée de 1999, nous explique M. Kobia. Les choses vont vite puisque après avoir été inclu dans la politique européenne de voisinage (PEV) en 2003, l'Azerbaïdjan est appelé à devenir un associé de l'Europe, puisque des discussions doivent démarrer pour préparer la signature d'un accord d'association. Selon l'UE, « les accords d'association font partie du projet de partenariat oriental lancé, il y a un an à Prague, dans le but de renforcer les relations avec les six anciennes républiques soviétiques (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie et Ukraine). Outre les aspects politiques, ces accords incluent un aspect commercial visant à établir une large zone de libre échange entre l'UE et les pays participants. » Des négociations ont été lancées avec la Moldavie et l'Ukraine. Cet intérêt de l'Europe pour ce « petit pays » entouré de puissances régionales comme l'Iran, la Russie et la Turquie trouve son origine dans les ressources énergétiques de la mer Caspienne, mais aussi d'une certaine proximité qui fait que la chaîne de montagnes du Caucase de l'Azerbaïdjan constitue aussi la frontière naturelle entre l'Asie et l'Europe. La frontière de ce pays avec la Russie n'est pas aussi étrangère à cet intérêt, surtout lorsque l'on sait que la Russie demeure le principal pourvoyeur de gaz de l'Europe. L'Europe veut non seulement assurer sa sécurité énergétique mais aussi sécuriser ses frontières par un partenariat qui va jusqu'en Orient. L'ouverture de nouveaux marchés, comme ceux de la région du Caucase du sud avait déjà été envisagée dans le programme Tacis. Un programme engagé dans la période 2006-2009 et « qui vise à favoriser la transition vers une économie de marché et renforcer la démocratie et l'Etat de droit dans les Etats partenaires d'Europe orientale et d'Asie centrale. Le principe de base qui a guidé l'action des Européens mais aussi des Américains est que la mer Caspienne devienne une source d'énergie qui permet de diversifier les approvisionnements de l'Occident en pétrole et en gaz par souci sécuritaire. L'autre aspect qui a été relevé par tous les analystes est que les routes du pétrole et du gaz qui vont de la Caspienne en Occident ne doivent pas être contrôlées par la Russie ou par l'Iran.