Lancé en 2002, avec pour objectif de réduire la dépendance énergétique des pays de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie, le projet de gazoduc Nabucco a franchi une nouvelle étape avec la signature hier d'un accord intergouverne-mental à Ankara par les représentants de cinq pays sur les six engagés dans le projet. Le document a été signé par la Turquie, l'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie. L'Allemagne, qui participe à la réalisation du projet, mais n'est pas un pays de transit, n'a pas apposé sa signature. Nabucco, qui est soutenu par les Etats-Unis, prévoit la construction d'un gazoduc pour transporter graduellement jusqu'à 31 milliards de m3 de gaz par an en provenance d'Asie centrale notamment vers l'UE, en passant par la Turquie et le sud-est de l'Europe. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, le président géorgien Mikheïl Saakachvili, un représentant de l'Azerbaïdjan et l'émissaire spécial américain pour l'énergie en Eurasie, Richard Morningstar, avaient fait le déplacement. La Géorgie est un des points de connexion possibles du gazoduc, avec l'Irak et la Syrie. L'Azerbaïdjan doit fournir une part importante du gaz. Nabucco, lancé en 2002, devrait entrer en service en 2014. Son coût est estimé à 7,9 milliards d'euros et prévoit des livraisons de gaz en provenance de gisements caspiens via l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et l'Autriche. D'une capacité de 31 milliards de mètres cubes par an, il transportera dans un premier temps près de 15 milliards de mètres cubes. Les deux tiers du gazoduc - près de 2.000 km (sur une longueur totale de 3.300 km) - passeront par le territoire turc. Deux banques européennes se sont déclarées prêtes à financer le projet, mais les analystes ont des doutes quant à la capacité de réunir les fonds suffisants, du fait de la crise. M. Erdogan a souligné avant la signature que "le travail n'est pas terminé avec la signature, au contraire, il commence". Cet accord "est un résultat très significatif... (mais) il faut reconnaître qu'il y a encore beaucoup de travail à faire", a déclaré M. Morningstar. Le Turkménistan, qui dispose d'importants gisements de gaz, a apporté son soutien à Nabucco vendredi en annonçant être prêt à s'y associer. Le président du Turkménistan Gourbangouly Berdymoukhammedov estime que les réserves gazières de son pays sont suffisantes pour alimenter le gazoduc Nabucco. Néanmoins, cela ne semble pas encore suffisant. Les Européens attendent encore l'accord de pays-clés comme le Kazakhstan ou l'Ouzbékistan. L'Azerbaïdjan sera un des principaux fournisseurs, mais n'a pas assez de gaz pour remplir seul le tube. Bakou et Moscou viennent par ailleurs de signer un accord pour l'achat de gaz azerbaïdjanais. Ainsi, la principale interrogation qui demeure concerne l'approvisionnement du gazoduc. Ses promoteurs misent sur l'Azerbaïdjan et ses réserves off-shore situées en mer Caspienne. Bakou espère porter sa production totale à 34 milliards de mètres cubes par an d'ici à 2015. Mais, pour se connecter à Bakou, le problème de la traversée de la mer Caspienne demeure pour le moment sans solution. Aussi, le projet Nabucco est aussi en concurrence avec un autre projet de gazoduc, South Stream, développé par le géant russe Gazprom et l'italien ENI qui doit relier la Russie à la Bulgarie, par la mer Noire. Samira G.