Un sommet en cache (chasse ?) un autre. Les mêmes acteurs, chefs d'Etat et de gouvernement du G8 (les pays les plus industrialisés de la planète représentés par les Etats-Unis d'Amérique, le Canada, pays hôte cette année, l'Allemagne, la France, l'Italie, le Japon, la Grande-Bretagne et la Russie), réunis vendredi et samedi dans la matinée dans la station de villégiature de Huntsville dans l'Ontario, se retrouvent aujourd'hui et demain à Toronto pour le sommet du G20. Ce dernier regroupe les pays du G8 et les pays émergents parmi lesquels la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et le Mexique, qui composent la locomotive de ce panel de pays qui bousculent depuis quelques années l'ordre économique mondial en place grâce à une croissance économique remarquable. Le club des pays les plus industrialisés de la planète incarné par le G8 a-t-il fait son temps dans sa structuration actuelle et va-t-il se dissoudre dans le G20 en acceptant de partager les leviers de l'économie mondiale avec d'autres pays qui leur font désormais sérieusement de l'ombre en termes de croissance et de maîtrise technologique ? Ou bien, signe des temps, ces pays les plus riches du monde vont-ils se redéployer et faire de la résistance au sein du G20, qui apparaît comme un cadre d'organisation plus ouvert et plus représentatif des nouvelles réalités de l'économie mondiale ? Un forum de dialogue et de concertation où chacun devrait trouver légitimement sa place, comme l'a vivement souhaité, hier, le président Bouteflika dans une allocution devant le sommet du G8, où il a appelé à l'élargissement du G20 aux pays africains, mettant en avant les grandes ambitions du continent formulées à travers le Nepad, dont l'Algérie est un des pays fondateurs aux côtés du Nigeria et du Sénégal, invités régulièrement au sommet du G8 depuis la mise en place du nouveau partenariat Afrique-G8. L'appel de l'Afrique et du Nepad sera-t-il entendu en vue de son intégration en tant que membre à part entière du G20 ? Encore faudrait-il que l'Afrique parle d'abord d'une même voix et accorde ses violons dans les relations interafricaines et dans les rapports du continent au reste du monde. Le bilan du Nepad, qui boucle une décennie d'existence, est loin des espérances soulevées auprès des peuples africains. Le président Bouteflika s'est attardé, hier, devant le sommet du G8 sur les engagements non tenus des pays industrialisés en faveur des pays du Nepad tels que l'accès des produits africains aux marchés extérieurs, l'aide financière au développement, les investissements directs étrangers en Afrique. Mais ce plaidoyer, devenu un rituel dans les rencontres du G8 avec les représentants du Nepad, ne doit pas servir de voile pour dissimuler les faiblesses et les carences de ce regroupement africain qui ne fait pas suffisamment d'effort sur lui-même pour promouvoir la coopération intra-africaine L'erreur du Nepad aura été de vouloir construire la maison Afrique en commençant par la toiture, considérant que l'argent est le nerf de la guerre alors que seules des fondations démocratiques solides pouvaient assurer le décollage économique de l'Afrique.